L'ACTU.
Un plan de réaménagement doit permettre de dédensifier le quartier populaire de l'Alma-Gare à Roubaix. Une perspective, qui implique le départ de centaines de familles, contre laquelle se bat depuis quelques mois un collectif. « Comment peut-on détruire 486 logements sociaux quand on sait qu’ils sont en pénurie à l’échelle de la métropole de Lille ? Comment peut-on vouloir ces démolitions dans un contexte de crise environnementale ? » alerte Florian Vertriest, fondateur du collectif, dans les colonnes du Monde.
L'ARCHIVE.
« Les HLM, ce sont, pour nous, des cages à lapins. Pour nous, le logement, c'est un moyen d'être en contact avec les autres, et non d'être enfermés dans une petite boite. »Dans ce quartier très modeste, les habitants n’en sont pas à leur première révolte. À partir du milieu des années 1970, face à un projet qui devait raser les habitations ouvrières historiques pour construire des HLM, les habitants du quartier de l'Alma-Gare étaient montés au créneau.
L'Atelier populaire d'Urbanisme avait été créé pour proposer un plan de réhabilitation d'une partie du quartier, plutôt que sa destruction. Dans l'archive en tête d'article, Marie-Agnès Leman, porte-parole de ce collectif était interrogée. Elle luttait, disait le reportage, « depuis 12 ans, pour faire respecter un certain mode de vie. »
« On habite un quartier, un vieux quartier de Roubaix, l'Alma-Gare, moi ça fait 15 ans que j'y habite », expliquait-elle. Avec elles, une petite dizaine de femmes, elles aussi habitantes du quartier depuis des années. « C'est un quartier auquel on est bien attaché parce que depuis un certain nombre d'années, nous luttons ensemble. Ce quartier était voué à la démolition, parce que c'est un très vieux quartier et depuis maintenant 5 ans, on s'est organisé. » C'était ainsi qu'était né l'Atelier populaire d'Urbanisme.
Leurs demandes finirent par être entendues, et au moment du reportage, Marie-Agnès Leman détaillait : « On s'est bagarrés et on a obtenu l'an dernier un crédit du plan construction où avec des architectes on a présenté un plan du quartier où l'on sait aujourd'hui que tout ne sera pas démoli. »
De véritables bijoux
La porte-parole s'insurgeait contre les méthodes employées pour préparer la réhabilitation du quartier : « En 1973, le quartier était déclaré insalubre. (...) Ces maisons sont murées, mais elles ont été déclarées insalubres un petit peu à la bonne franquette, parce que pour déclarer des maisons insalubres, il en fallait 60 %. Alors, ils ont dit, celle-là elle est bonne, celle-là n'est pas bonne. Et voyez cette maison qui va peut être démolie, elle était, au départ, en 1973, en très bon état. » Et d'ajouter : « Et il y a ici des gens qui sont propriétaires de la maison, ce sont des véritables bijoux. »
Ce mouvement citoyen est « l'une des expériences mythiques de la démocratie participative » en France selon l'ouvrage de Paula Cossart et Julien Talpin auteurs de Lutte urbaine. Participation et démocratie d’interpellation à l’Alma-Gare. Elle eut pour débouché un quartier chaleureux et humain, en cohérence avec les demandes de ses habitants, comme le montrait l'archive suivante. Jusqu'à ce qu'il se détériore progressivement, mal entretenu par les bailleurs, comme le racontait en 2019, Streetpress. En 2023, l'histoire se répète, le quartier est à nouveau menacé d'une destruction partielle. Et les habitants se mobilisent.
Restauration dans le quartier Alma gare de Roubaix
1981 - 03:08 - vidéo
