L'ACTU.
Les températures moyennes mondiales pendant les trois mois de l’été 2023 (juin, juillet, août) ont été les plus élevées jamais mesurées, a annoncé mercredi 6 septembre l’observatoire européen Copernicus, avec « une température moyenne mondiale de 16,77 °C ». 2023 sera probablement l’année la plus chaude de l’histoire.
Toutes ces observations n’auraient pas été possibles sans le déploiement d’un réseau européen de satellites de surveillance de la Terre mis en place en 2014. L’archive en tête d’article revient sur les premiers pas du programme Copernicus lancé par l'ESA, l'agence spatiale européenne.
L'ARCHIVE.
Nous sommes le 3 avril 2014, le JT de 20h de France 2 consacre un sujet à cette aventure européenne qui devrait permettre de scruter la Terre à l’aide d’une quinzaine de satellites. Sentinel-1 est le premier satellite de cette flotte. Derrière son nom se cache un immense radar orbital capable de fournir des images radar par tous les temps, jour et nuit, à des fins d'observation du sol et des océans, « d'ausculter la Terre avec une précision inégalée ». Sa mission : « analyser tout notre environnement, les océans, leurs courants, leur hauteur », explique le commentaire.
À l'époque, il était annoncé que sa précision devrait aussi lui permettre de surveiller le trafic des navires « pour organiser les routes, mais aussi détecter les dégazages sauvages », repérables aux vastes traînées noires de pétrole laissées dans l’océan.
La mission du satellite serait aussi d'observer l'évolution des forêts ou encore la fonte des glaces, comme celle de la banquise arctique. Une mission de surveillance de la zone arctique dont Joël Dorandeu de « Mercator Ocean », détaillait les contours : « une des grandes applications dans cette zone, c’est de pouvoir améliorer la prévision de nos déplacements, pour les bateaux, tout simplement, en fonction de la présence ou non de glaces et en fonction en plus de son épaisseur ».
Une surveillance complète et partagée
Mais Sentinel-1 n’était que le premier maillon d’une vaste flotte d'observation. Il était prévu que dans les cinq ans à venir, d'autres types de Sentinel soient déployés dans le programme Copernicus. « Il va examiner la Terre sous toutes les coutures, précisait le commentaire. On en saura plus sur l'évolution de notre atmosphère, les systèmes météo, les changements climatiques. L'activité volcanique aussi sera sous surveillance, comme les conséquences de catastrophes naturelles. En fait, notre planète sera entièrement étudiée et pour la première fois en continu ».
Philippe Goudy de l'ESA soulignait qu’il s’agissait d’un moment historique : « jusqu'à présent, on avait des missions qui étaient décidées au cas par cas, avec des satellites qui durent entre cinq et dix ans. Et là, avec le programme Copernicus, on a une perspective sur au moins une vingtaine d'années pour mesurer, comprendre, suivre notre environnement. »
Autre innovation du projet, les données de Copernicus seraient distribuées gratuitement par l'Agence spatiale européenne pour toutes sortes d'études et d'applications. Il s’agissait là de la naissance d’une nouvelle référence mondiale dans l'observation de notre planète.
Sentinel-2A a été lancé à son tour dans la nuit du 22 au 23 juin 2015 grâce à une fusée Vega depuis le site de Kourou en Guyane française. Il devait fournir des images optiques haute résolution pour l'observation des sols (utilisation des sols, végétation, zones côtières, fleuves, etc.). Les données de Sentinel-2 seront également utilisées pour la mise en place de services de traitement de l'urgence.
Lancement du satellite Sentinelle 2
2015 - 01:41 - vidéo
Un rapport Copernicus d'avril 2023 alertait déjà
Un rapport publié par le Copernicus Climate Change Service (C3S) le 20 avril 2023 était déjà éloquent : « L’Europe a connu sa deuxième année la plus chaude, son été [2022] le plus chaud. » Faibles précipitations, vagues de chaleur intenses, incendies géants et fonte massive des glaciers dans les Alpes, l'Arctique et le Groënland... Copernicus a enregistré le plus grand nombre de jours de « stress thermique très fort », entre 38 et 46° C, jamais observé et un stress hydrique mettant à mal 63 % des rivières européennes.
La conjonction de ces événements climatiques, notamment les feux de forêts, a eu pour effet de libérer dans l’atmosphère de fortes quantités de CO2 et de méthane, augmentant encore l’effet de serre responsable du réchauffement climatique. Autant de voyants rouges dangereux pour la santé humaine et les écosystèmes et les communautés.
Le programme Copernicus
Copernicus (anciennement GMES acronyme de Global Monitoring for Environment and Security) est un programme de l'Union européenne qui collecte et restitue des données actualisées en continu portant sur l'état de la Terre. Sa coordination et sa gestion sont assurées par la Commission européenne en partenariat avec l'Agence spatiale européenne (ESA), les membres de l'Union européenne et les agences de l'Union européenne telles que l'Agence européenne pour l'environnement ou l'Agence européenne pour la sécurité maritime.
Ces données doivent permettre aux utilisateurs de surveiller la Terre, son environnement et ses écosystèmes, de se préparer aux situations de crise, aux risques liés aux enjeux de sécurité et aux catastrophes naturelles d'origine naturelle ou humaine.
Le satellite Sentinel-2B a été lancé le 7 mars 2017 sur un lanceur russe Rockot. Sentinel-3 : surveillance mondiale des océans et des sols. Deux satellites sont lancés respectivement le 16 février 2016 et le 25 avril 2018. Sentinel-4 est un instrument embarqué sur un satellite météorologique EUMETSAT Météosat (MTG), il fournit des données sur la composition de l'atmosphère. Il sera lancé en 2023.
Sentinel-5 doit mesurer les concentrations de gaz à l'état de trace et des aérosols présents dans l'atmosphère terrestre. Le premier exemplaire doit être placé en orbite en 2025. Enfin, Sentinel-6 emporte un radar altimètre pour l'étude du niveau des océans et du climat16. Sentinel-6A a été lancé en novembre 2020. Sentinel-6B doit être lancé en 2026.