Cette phrase prononcée en mai 2005 résonne aujourd’hui comme une sentence prémonitoire. En cas d’intégration à l’Otan, «l’Ukraine pourrait avoir des problèmes, je le dis franchement ». Une menace signée Vladimir Poutine, extraite de l’interview ci-dessus, accordée à la télé française il y a dix-neuf ans.
Le président russe n’a pas attendu que le souhait de l’Ukraine d’intégrer l’Otan se réalise. Le 24 février 2022 au matin, il a lancé une attaque militaire contre son voisin. « J'ai pris la décision d'une opération militaire spéciale. (...) Nous nous efforcerons d'arriver à une démilitarisation et une dénazification de l'Ukraine », a clamé le maître du Kremlin. Huit mois plus tard, le 21 septembre, il s'est à nouveau montré menaçant en appelant le peuple russe à une mobilisation partielle dans le cadre de cette guerre. Le chef du Kremlin s’en est également pris à « l’Occident », qu’il accuse de vouloir « détruire la Russie », après avoir « réussi à briser l’URSS » : « Nous avons cherché des solutions pacifiques mais l’Occident les a rejetées. » Puis il a dit se tenir prêt à recourir à « tous les moyens » militaires contre le « chantage nucléaire des Occidentaux ». « Ce n’est pas du bluff », a-t-il ajouté.
Démilitariser le pays et empêcher l'élargissement de l'Otan aux pays limitrophes de la Russie est une obsession du leader russe depuis de nombreuses années. En 2005, cette question était déjà au centre de ses préoccupations.
«Certains problèmes pourraient surgir»
L'archive en tête d'article est un extrait d'une interview que le Vladimir Poutine avait accordé à Christian Malard pour la télévision française le 7 mai 2005, à l'occasion des cérémonies de commémoration de la capitulation de l'Allemagne nazie, le 9 mai, à Moscou, en présence de nombreux chefs d’États étrangers. Dans cet entretien, le président russe se voulait conciliant et rassurant. Après être revenu sur les accusations concernant son autoritarisme, il revenait sur sa coopération et sa collaboration avec l'Union européenne. Mais surtout il évoquait ses craintes sur l'élargissement de l'Otan à d'autres pays du bloc de l'Est, particulièrement à l'Ukraine.
A l'époque, il précisait que l'influence de l’Otan sur l'Ukraine et la Géorgie ne l'indisposait pas, tout en précisant qu'en revanche, « tout élargissement de l'Otan n’améliorerait pas la sécurité du monde ». Il se montrait rassurant cependant : « Cela dit, si d’autres républiques de l’ex-URSS adhérent à l’Otan, nous respecterons leur choix. C’est leur droit souverain en matière de défense. » Mais il ajoutait un bémol concernant l'Ukraine : « Certains problèmes pourraient surgir en matière de coopération militaire avec l’Ukraine, qui est énorme ».
Cet élargissement l’inquiétait et il mettait en garde : « S’il devait y avoir une présence militaire de l’Otan en Ukraine, je n’y maintiendrai plus nos technologies de pointe et nos armements sensibles ». Il concluait alors sur cet avertissement à peine déguisé : « L’Ukraine pourrait avoir des problèmes, je le dis franchement. » Tout en finissant sur une note plus conciliante, déclarant vouloir tourner la page de la guerre froide et aspirer « à la concorde et à la compréhension ».
Entretien Vladimir Poutine
2005 - 03:35 - vidéo
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