L'ACTU.
Le 21 février 2023, comme chaque année, Vladimir Poutine a prononcé son discours à la Nation russe. Ce rendez-vous est l’occasion de présenter les priorités de la Fédération russe, mais cette année, le conflit avec l’Ukraine s’est invité dans ses propos. Après avoir rejeté la responsabilité de la guerre sur l’Occident, le leader russe a annoncé suspendre sa participation au traité New Start sur le désarmement nucléaire signé avec les États-Unis en 2010. L’occasion pour lui de brandir à plusieurs reprises la menace nucléaire.
L'ARCHIVE.
Le traité New Start, héritier des traités Start de réduction des armes stratégiques négociés entre les États-Unis et l’ex-URSS dans les années 1990, avait été signé par les deux leaders de l’époque, Barack Obama et Dmitri Medvedev. Il faut noter que l’accord, comme les précédents, ne concernait pas les armes nucléaires tactiques, mais uniquement stratégiques.
L’archive en tête d’article revient sur cette signature historique qui s’était déroulée à Prague le 8 avril 2010, dans le décor fastueux du château. L'heure était à l'optimisme et les images montraient des présidents souriants et détendus. « Un droitier et un gaucher pour une signature obtenue à l'arrachée, mais qui marque le vrai redémarrage des relations entre les deux anciennes puissances de la guerre froide », précisait d'ailleurs le commentaire.
L’ambiance était en effet à l’apaisement et à la réinitialisation de relations plus sereines entre les deux puissances rivales. « Quand les États-Unis et la Russie sont capables de s'entendre sur les dossiers les plus importants. C'est bon pour nos deux pays, mais aussi pour le monde entier », déclarait Barack Obama devant un parterre d’invités triés sur le volet.
Au milieu des dorures du palais, derrière son pupitre, le président russe se montrait encore plus enthousiaste, ajoutant que « Le plus important, c'est qu'il n'y a pas un gagnant et un perdant dans ce traité. C'est gagnant-gagnant », concluait-il à son tour.
Les termes de l'accord New Start
Le traité prévoyait de réduire l'arsenal atomique de 30 %, avec une limitation d’un maximum de 1550 ogives nucléaires pour chacune des parties concernées (contre 2200 auparavant). Le nombre des missiles devait être, lui aussi, divisé par deux, passant de 1600 à 800. Le nombre de lanceurs et de bombardiers lourds était également limité. Une série d'inspections mutuelles de sites militaires étant prévue dans le texte.
Le commentaire concluait que par comparaison, la France disposait de 300 têtes nucléaires et que même avec ce traité, les États-Unis et la Russie détenaient toujours 90 % de l'arsenal nucléaire mondial.
Retour des tensions
La situation entre les deux signataires a commencé à se détériorer en janvier 2021, bien que Moscou et la nouvelle administration Biden aient trouvé un accord in extremis pour le prolonger de cinq ans, jusqu'au 5 février 2026. En août 2022, la Russie annonçait qu’elle suspendait les inspections américaines prévues dans l’accord en réponse aux entraves américaines sur les inspections russes. Une nouvelle négociation concernant ces inspections était prévue pour novembre-décembre 2022, elle fut annulée par la Russie au dernier moment. Récemment, le 1er février 2023, Vladimir Poutine avait encore accusé les Américains d’avoir « détruit le cadre juridique » de l’accord.
L’annonce du leader russe n’a donc rien de surprenant. Néanmoins, la diplomatie américaine a déclaré qu’elle laissait la porte ouverte à de nouvelles négociations sur la limitation des armes stratégiques, dès que la Russie en ferait la demande.
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- Essais atomiques vol. I & Essais atomiques vol. II : des archives sur les essais nucléaires menés par la France entre 1960 et 1996 en Algérie et en Polynésie française
Petit historique des précédents accords
Accords Salt I et II, en 1971 et 1979
SORT en 2002, (traité sur la réduction des armements stratégiques offensifs), sur la réduction progressive de leurs arsenaux nucléaires stratégiques, signé par Vladimir Poutine et Geroge Bush Jr.