LA CHANSON.
« Au Nord, c'étaient les corons. La terre, c'était le charbon. Le ciel, c'était l'horizon. Les hommes des mineurs de fond »... Depuis 2005, la chanson de Pierre Bachelet, Les corons, est devenue l’hymne du club de football le RC Lens. Elle y est chantée à chaque mi-temps au Stade Bollaert. Ambiance et frissons garantis. Si elle a été adoptée par les supporters lensois, c'est parce que cette chanson résonne avec leur histoire locale. En effet, dans les années 1960, les footballeurs locaux étaient souvent aussi des « gueules noires ».
Pourtant, quand Pierre Bachelet l'a composée en 1982, elle ne faisait pas l'unanimité autour de lui. Sa maison de disques était sceptique, trouvant même le titre trop triste. Pourquoi cet artiste, né à Suresnes dans les Hauts-de-Seine, était-il si sensible à l'histoire des mineurs et au Nord ? Tout simplement parce que son père était originaire de Calais, parce qu’il avait des cousins à Lens et que lui-même y avait passé une partie de son enfance. Les corons, c'était une chanson nostalgique sur les racines, sur l'enfance et un hommage au bassin minier, marqueur historique de toute une région, même si personne de sa famille n'avait été mineur. « Au départ, ça a été une envie de faire une chanson sur le Nord. Ça fait longtemps que j'en avais envie. Mais cette chanson, c'est aussi une chanson sur l'enfance, l'amour... », déclarait le chanteur, à sa sortie, en juin 1982.
Les paroles de la chanson ont été écrites par le parolier Jean-Pierre Lang. Pierre Bachelet a composé la musique. C'était leur deuxième collaboration. En juillet 2022, pour les 40 ans du titre, il avait accordé une interview à France bleu dans laquelle il revenait sur la genèse des Corons. Il racontait qu'il avait eu l'idée d'écrire un texte sur le Nord et les mineurs, lorsqu'il avait appris que l'artiste avait des racines nordistes. Il écrivit rapidement les paroles pour les poser sur une musique qu'avait Pierre Bachelet dans ses cartons. Le texte fut écrit en une nuit. Le lendemain matin, il enregistrait une maquette, les chœurs étant interprétés par le preneur de son et un postier qui passait par là...
À son arrivée au studio, quelques heures plus tard, Pierre Bachelet n'avait plus eu qu'à poser sa belle et émouvante voix. La chanson est « une merveille de spontanéité qui sort du cœur » racontait le parolier dans cette interview radiophonique. Les gens l'ont reçue comme ça, et c'est avec cette même émotion que les supporters du RC Lens l'entonnent toujours à chaque match.
L'ARCHIVE.
L'archive en tête d'article est l'une des premières interprétations de cette chanson à la télévision. Comme souvent, les téléspectateurs la découvrirent un samedi soir, sur le plateau de « Champs-Élysées ». Le 5 juin 1982, alors que le disque Les corons venait tout juste de sortir, Michel Drucker recevait Pierre Bachelet. Le chanteur s'était fait connaître l'année précédente par un énorme tube, Elle est d'ailleurs. Dans son lancement, l'animateur présentait le chanteur comme « un gars du Nord » et utilisait des mots enthousiastes qui traduisaient déjà le potentiel émotionnel de la chanson : « C'est très, très émouvant et je suppose que tous les téléspectateurs des bassins miniers, de France et de Navarre, ont été touchés par cette chanson... Superbe chanson », insistait-il avant de céder la place à l'artiste.
Après la prestation, Pierre Bachelet expliquait que sa chanson était un hommage à toute une région, pas seulement aux mineurs. La magie a joué et le titre a ému la France entière. En effet, le 45 tours atteignit rapidement la deuxième place du hit-parade, avec plus de 1,2 million d'exemplaires vendus.
