Dans les années 1970 l'utilisation des pesticides étaient vus comme indispensable et le DDT était l'intrant le plus plébiscité. Pourtant, certains avertissaient déjà des dangers de leur présence dans les aliments. En 1973, un chercheur alertait l'opinion publique. Cette année-là, le gouvernement durcissait la législation sur l'utilisation des fongicides et pesticides, en diminuant le pourcentage des résidus tolérés dans les fruits et légumes, produits en France ou importés.
« Ils tuent les insectes, ils éliminent les moisissures, ils détruisent les mauvaises herbes, ce sont bien les trois qualités des pesticides. Ils sont également toxiques, dangereux à l'emploi et polluants pour la terre, l'eau et l'air. Mais pour les agriculteurs ce ne sont pas des raisons suffisantes pour rejeter le DDT et ses congénères. »
Trop de pesticides dans les aliments ?
Le reportage en tête d'article débute par l'interview d'un agriculteur traitant son champ de poireaux attaqués par les vers. On le voit asperger sa récolte sans aucune protection (ni combinaison, ni masque, ou gants). Lorsque le journaliste lui demande : « Ça ne vous inquiète pas d'être toujours obligé d'utiliser des produits chimiques ? Le paysan répond en laissant échapper un petit rire gêné : "Si, un peu, mais c'est obligatoire pour nous si on veut vendre…. Ils disent qu'il faut attendre 15 jours avant de les vendre ou 3 semaines ». Le journaliste perplexe : « Après, lorsque vous le vendez, ça ne risque plus rien, théoriquement ? » Théoriquement en effet, mais l'agriculteur, avec un geste d'impuissance lui répond prudemment : « Ben, c'est ce qu'ils disent ».
En off, le journaliste demandait s'il n'y a pas des excès sur l'emploi de ces produits : « Entre les résidus de pesticides dans les fruits et légumes, ceux que l'on retrouve dans la viande et les insecticides ménagers, ne finit-on pas par en absorber des quantités excessives ? »
« Les consommateurs absorbent de plus en plus de résidus »
En laboratoire, la présence des pesticides est avérée, même après une période de trois semaines entre la récolte et la vente. Dans le laboratoire coopératif, le professeur Custot donne sa réponse à cette question : « Je pense que du côté du consommateur, il y a un abus. Et nous pouvons le dire avec certitude car nous avons procédé à un certain nombre d'analyses […] dans un certain nombre de cas, nous avons trouvé des dépassements considérables ».
Il vient de réaliser une analyse comparative sur les fongicides (contre les moisissures). Les résultats sont sans appel : « Sur 100 salades, seules 38 étaient acceptables au regard des réglementations allemande et suisse (car il n'en existait pas en France).... et 62 étaient hors tolérance ».
Il continue : « Les consommateurs absorbent de plus en plus de résidus […] une étude a montré que le lait maternel contenait une dose non négligeable de pesticides. » En conclusion, le journaliste pose deux questions essentielles : « Peut-on se passer de pesticides ? » Mais surtout, « il faudrait savoir si les services rendus par les pesticides l'emportent toujours sur les inconvénients qu'ils entraînent ».
Des questions toujours d'actualité plus de 45 ans après
En 2018, Générations futures sortait un rapport accablant. Pour établir son rapport, l'association se basait sur les données fournies par la Direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF) sur une période allant de 2012 à 2016. Elle avait étudié 19 fruits et 33 légumes pour lesquels les échantillons étaient représentatifs. Pour les fruits, le raisin, les clémentines s'avéraient les plus contaminés, les cerises, mangues et papayes dépassant même les seuils maximaux. Du côté des légumes, le céleri-branche était celui présentant les traces les plus importantes de pesticides (84,6 %), devant les herbes fraîches (74,5 %) et les endives (72,7 %).
De son côté, le gouvernement annonçait un plan d'action pour réduire les produits phytopharmaceutiques dans l'agriculture. Aujourd'hui mis en pause.