L'ACTU.
Mercredi 23 novembre, le premier parc éolien en mer français était complètement mis en service, au large de Saint-Nazaire. Cette inauguration fait date puisque la France est le second gisement d’éolien en mer en Europe avec son importante façade maritime et que ces projets de parcs en mer patinent parfois.
L'ARCHIVE.
Comme le projet d'éolien au large de Saint-Brieuc. Les premières réunions publiques ont eu lieu en 2013. À l'époque, la méfiance était déjà de mise du côté des associations et de certains habitants. Cinq ans plus tard, le projet était toujours entravé. Ce reportage du 7 mars 2018, diffusé dans le 19-20 Bretagne, revenait sur les nombreux obstacles venus ralentir le lancement de la construction du futur parc éolien de la baie de Saint-Brieuc.
Un plan d'envergure qui prévoyait l'implantation de 62 éoliennes à 15 km des côtes et qui avait tout pour séduire sur le papier. C'était la première fois en France que de telles éoliennes marines de 5000 tonnes et 60 mètres de haut devaient être installées en mer. À terme, ces ailes océaniques devraient être capables de produire 2 mégawatts d'électricité chacune.
« La France a fait un flop au niveau de l'industrie éolienne »
Le sujet nous montre le baptême du prototype inauguré quelques semaines plus tôt à Saint-Nazaire, mais qui n'avait toujours pas été installé sur site, et pour cause, en France, l'éolien en mer n'était qu'une promesse. Les premiers projets avaient pourtant été lancés en 2012. Des investissements à hauteur de six milliards d'euros, soutenus en partie par l’État qui rêvait de faire de la France la championne mondiale de l'éolien.
À l'image d'Eric Besson, ministre de l'Industrie, qui déclarait alors sa volonté de faire de la France « un leader mondial en terme d'industrie éoliennes offshore ». Oui, mais voilà, sept ans plus tard, aucun kilowatt n'avait été produit sur les 20 000 km de côtes françaises. La filière éolienne française était en crise et ses deux leaders, Alstom et Areva, ont été en partie rachetés par les États-Unis pour le premier, et par un conglomérat germano-espagnol pour le second. Les deux entreprises avaient dû céder leur filière de l'éolien. À tel point qu'en 2016, Hervé Morin, le président de la région Normandie, déplorait que « la France a fait un flop au niveau de l'industrie éolienne. »
Un contexte industriel et financier compliqué et un contexte local agité comme le montrait le reportage en tête d'article. D'abord du côté des habitants, qui craignaient que le parc éolien ne gâche la vue, tel ce monsieur interrogé sur le port : « En pleine mer, ce serait mieux, ici tout va être visible ! », ou cette dame qui souhaitait qu'on les installe ailleurs.
Manifestations et recours
Il y avait aussi les pêcheurs, inquiets de l'installation de mats sur leur zone de pêche. La pêche employait près d'un millier de personnes sur le secteur. Pour eux, c'était un « non » catégorique. C'était le cas de Julien Tréhorel, interrogé sur son bateau. Lui, pêchait les bulots et les crustacés sur le futur site. Il avait déjà constaté des pertes lors de l'installation des socles des éoliennes : « Nos casiers étaient juste à côté de ces bateaux-là et déjà les homards ont disparu de nos casiers dans la journée même ! Aujourd'hui je défends mon métier. Je défends la faune et la flore qui me font vivre ! »
En préalable au démarrage du projet, le Comité des pêches avait demandé des études d'impact sur le bruit et les vibrations causées par les travaux. Grégory Le Dougmaguet du Comité départemental des pêches maritimes et élevages marins 22, soulignait l'importance de ces études préalables, « sinon, le message il était clair : il n'y aurait pas de construction et puis c'est tout ! »
Même ton du côté des associations qui organisaient des manifestations. Pour chaque projet de ce type, des organisations se mobilisaient, prévoyaient des manifestations et déposaient des recours. Les militants écologistes dénonçaient avant tout le coût de l'électricité éolienne et le manque de fiabilité des installations. Un argument résumé en une phrase par Jean-Louis Butré de la Fédération environnement durable électricité chère et non fiable : « Pas de vent, pas d'électricité ! »
Et c'était l'un des points d'achoppement du retard pris par la France par rapport à des pays comme le Royaume-Uni, l'Allemagne, le Danemark ou même la Chine, qui possédaient des milliers d'éoliennes. À l'époque, le gouvernement promettait une simplification des démarches et espérait obtenir trois gigawatts en mer en 2023, soit l'équivalent d'une centrale nucléaire. Un pas dans cette direction est désormais fait avec l'inauguration complète du parc de Saint-Nazaire.
Pour aller plus loin :
Actualités Françaises : Érection d'une éolienne génératrice d'électricité près d'Alger. (4 septembre 1957)
Grain de sel : c'est quoi l'énergie éolienne ? Le Service de la Recherche de l'ORTF propose à des enfants de réagir aux thèmes de la vie et de la nature (le vent, le froid, le feu...). En plateau, explication du fonctionnement de l'énergie éolienne. Images de différentes petites éoliennes construites sur une plage. (9 janvier 1974)
Thalassa : les pêcheurs hostiles aux éoliennes de mer au large de Dunkerque. Energies renouvelables : le Danemark a investi dans les éoliennes, qui ont été intégré également le paysage marin. A la pointe sud du Danemark, étude de l'impact des éoliennes sur l'environnement et notamment sur les poissons et les oiseaux. (12 novembre 1999)
20h00 de France 2 : Energie éolienne : le gouvernement vient d'autoriser le lancement du premier parc français d'éoliennes en mer. Il sera construit au large de la Seine maritime, à 7 km des côtes de Veulettes-sur-Mer. (15 septembre 2005)