Aujourd'hui, Noël est devenu une fête où la profusion de cadeaux prend parfois le pas sur l'esprit de partage. Mais dans la France d’avant-guerre, la notion de cadeau était bien différente, bien que toute aussi importante pour les enfants. Ils attendaient également le Père Noël avec impatience. Certains lui dressaient le couvert, tous déposaient leurs sabots ou galoches au pied de la cheminée, car le sapin n'était pas encore généralisé.
Retrouvez ici le témoignage de six anciens. Ils racontent leur plus beau cadeau de Noël et l’ambiance de ce jour-là. Les Noëls d’autrefois, ce sont souvent des cadeaux simples qui rendent très heureux. Un présent inattendu et unique. Un livre, un cadeau fabriqué ou une friandise restent à jamais gravés dans les mémoires.
Des ciseaux et un roman
En 1963, l'écrivain Jean Giono racontait un « Noël somptueux qui n’avait aucun rapport avec les Noëls d’aujourd’hui », où il avait reçu une « paire de ciseaux » pour découper des catalogues et « quelques marrons glacés et papillotes. » Selon lui, le cadeau valait moins que l'intention qu'il contenait : « C’était surtout de la façon dont c’était donné par des parents qui aimaient leurs enfants énormément, et qui pouvaient glisser dans les cadeaux qu’ils faisaient leur amour ». Il évoquait son plus beau présent : le roman La chartreuse de parme, qu'on lui avait offert peu de temps avant la guerre et qu’il avait emporté dans les tranchées.
Des bonbons
Poursuivons avec Monsieur Galey, 104 ans, originaire de Chaumont. En 1974, il était interrogé par le journal régional de FR3. Lorsqu'il était enfant, le Père Noël portait une « besace » remplie de bonbons qu'il déposait dans les sabots alignés devant la cheminée. Au menu du réveillon, le vieil homme se souvenait de la morue ou d'un poulet. On chantait aussi. Il évoquait ensuite une anecdote, le fait que les enfants le prenaient pour le Père Noël dans la rue. Les yeux pétillants, le vieil homme concluait en expliquant qu’il allait fêter Noël en famille « comme toujours ».
Un vieil homme de 104 ans sur le Noël d'antan à Chaumont
1974 - 03:26 - vidéo
Orange et sucre d'orge
Nous vous proposons deux autres récits à visionner ci-dessous. Nous sommes en 1975. Ce retraité évoquait les Noëls de sa jeunesse. Pour ce membre d'une famille de cinq enfants, le goût de « l’orange » et du « bâton de sucre d’orge » représentaient des cadeaux inestimables. Cette autre dame, issue d’une famille ouvrière de 8 enfants, n'évoquait pas de cadeau mais une anecdote marquante. Celle de la découverte que c'était son père qui jouait au Père Noël. Elle avait été effrayée par le bruit du « tisonnier qui tombait dans la cheminée et puis le sabot de maman qui bougeait tout seul ». Elle avait tellement « peur d’aller voir dans ses chaussures » que sa maman avait été obligée de lui dévoiler la vérité.
Témoignage de personnes âgées sur le Noël d'autrefois
1975 - 03:00 - vidéo
Un clairon
Le témoignage ci-dessous date de 1977. Des étoiles dans les yeux, ce professeur de musique de Forges-les-Eaux se souvient du plus beau trésor de sa vie, découvert au pied du sapin en 1915 : un clairon. L’instrument est à l’origine de sa vocation de musicien. Il changea sa vie et celle de centaines d’enfants après lui.
Le souvenir des cadeaux de Noël d'antan à Forges les Eaux
1977 - 03:04 - vidéo
Une brosse à cheveux
Pour terminer, ce dernier souvenir émouvant, livré en 1991 par Etienne Matthiot. Ce centenaire, vétéran de la Grande Guerre, a reçu son premier cadeau de Noël au front, la première année du conflit mondial. Il avait 23 ans : un nécessaire de toilette. 70 ans plus tard, au moment de l'interview, il possédait toujours sa vieille brosse à cheveux. Le cadeau d'une vie.
Mon plus beau cadeau
1991 - 01:28 - vidéo