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2008 : Nantenin Keïta, une athlète engagée aux débuts prometteurs

2008 : Nantenin Keïta, une athlète engagée aux débuts prometteurs

À 39 ans, la sprinteuse paralympique est porte-drapeau de la délégation française de la France pour la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques. Le public l'a découverte en 2008, lors des JO de Pékin où elle avait été double médaillée. Quelques mois plus tard, le magazine «Tout le sport» lui consacrait un joli portrait.

Par Florence Dartois - Publié le 27.08.2024
 

L'ACTU.

Mercredi 28 août, Nantenin Keïta, 39 ans, sera pour une soirée la porte-drapeau de la délégation paralympique française lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques de Paris 2024 aux côtés d'Alexis Hanquinquant, 37 ans, champion de triathlon.

L'emblématique sprinteuse était à Marseille, le 8 mai et avait été la première porteuse de la flamme lors de son arrivée de Grèce à bord du voilier Belém. À Paris, le 26 juillet, elle était l'une des dernières relayeuses avant que la vasque-ballon ne soit allumée par le tandem Teddy Riner - Marie-José Pérec.

La sportive malvoyante possède un palmarès imposant : championne du monde du 400 mètres malvoyant en 2006, médaille de bronze sur 100 mètres aux Jeux paralympiques de 2012, et championne paralympique sur 400 mètres aux Jeux de 2016 à Rio. Mais le public l'a véritablement découverte aux JO de Pékin en 2008 lorsqu'elle a décroché deux médailles, en argent sur 200 m et en bronze sur 400 mètres, s'offrant même le luxe d'établir le nouveau record de France de la discipline.

L'athlète handisport est une battante à plus d'un titre. Née à Bamako, au Mali, la jeune femme est albinos et déficiente visuelle. Fille du célèbre musicien malien Salif Keïta, elle est devenue ambassadrice des droits des personnes atteintes d’albinisme. L'athlète est très attachée aux valeurs d'égalité, d'inclusion et de respect que peut apporter le sport. Sa biographie olympique fait référence à l'une de ses déclarations emblématiques en la matière, lorsque, à Lima, au Pérou, le 13 septembre 2017, au moment de la désignation de la France pour organiser les Jeux de 2024 à Paris, Nantenin Keïta avait déclaré : « La différence a toujours fait partie de ma vie. Je suis albinos et malvoyante. Mais aux Jeux, je suis une athlète. Parce qu’aux Jeux, il y a autant de pays que de handicaps. Aux Jeux, la différence a toute sa place. Aux Jeux, la différence est une force. »

L'archive disponible en tête d'article est un portrait réalisé en novembre 2008, quelques mois après la fin des Jeux paralympiques de 2008. La jeune femme avait retrouvé son quotidien et ses longues heures d'entraînement.

L'ARCHIVE.

« Quelques jours seulement après le rêve de Pékin, Nantenin a retrouvé son quotidien. Née albinos, avec 0,8 sur 10 seulement à chaque œil, la jeune femme travaille à mi-temps dans une entreprise de téléphonie mobile à la Défense. Et pour fêter le retour de la championne, son employeur n'a pas hésité à la mettre en valeur dans plusieurs quotidiens de la presse nationale ».

Malgré cette nouvelle notoriété, l'athlète gardait la tête froide. Même la pleine page dans L’Équipe ne semblait ébranler son humilité. Tout juste la sprinteuse confiait-elle être « contente ». Si son statut d'employée du mois l'amusait énormément , celui d'« athlète de l'année » dans son club de Saint-Quentin-en-Yvelines, lui plaisait davantage. Elle s'y entraînait huit fois par semaine et par tous les temps. Une assiduité récompensée.

Quelque soit l’effort fourni, la double médaillée paralympique avait choisi le bonheur et le rire. Elle avait transformé en devise le titre de sa série préférée, Plus belle la vie : « C'est ma vie quoi, il faut quand même que j'y trouve du charme, parce que sinon c'est dur ! ».

La seule pointe de nostalgie, la sprinteuse double médaillée paralympique l'exprimait à l'évocation des JO de Pékin, toujours très présents dans son esprit. « Quand la flamme s'est allumée, en fait, ça prend au cœur. On se dit : "Ça y est, on est aux Jeux. Ça y est, c'est parti !" Et quand la flamme s'éteint, on se dit : "Ah, déjà !". C'est déjà fini. ».

Défense des albinos de père en fille

Tout comme son père Salif Keïta, Nantenin est albinos. Elle s'investit depuis plusieurs années dans leur protection et le respect de leurs droits. L'artiste malien a fondé « SOS albinos », une association de défense de leurs droits dans certains pays d'Afrique où naître albinos signifie être discriminé, maltraité, voire tué à la naissance. Nantenin est ambassadrice des droits des personnes atteintes d’albinisme. Le 23 janvier 2013, père et fille étaient les invités de Philippe Lefait dans l'émission, « Des mots de minuit ». L'occasion pour eux de parler de leur combat commun pour cette cause et d'évoquer leurs parcours respectifs, lui dans la musique, elle, dans le sport. Nantenin évoque ici le challenge que représente pour elle la compétition et les difficultés à sauter des haies et de courir en étant malvoyante. Son rêve d'alors est de concourir pour le 400 mètres haies.

En 2024, Nantenin Keïta participe à ses cinquièmes Paralympiades et compte bien remporter un nouveau podium. Elle prendra sa retraite à l'issue des Jeux.

Salif Keita et sa fille Nantenin Keita
2013 - 00:00 - vidéo

« Ce qui m'a protégée, c'est d'avoir un père albinos (...) je me disais, "s'il a réussi, moi, je vais réussir" ».

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