L'ACTU.
Grand joueur de l'AS Saint-Étienne entre 1967 et 1972, Salif Keita est décédé le 2 septembre à l'âge de 76 ans. Trois fois champion de France avec les Verts et vainqueur de deux Coupes de France, il est l'une de ces grandes légendes du football.
L'ARCHIVE.
Né en 1946 à Bamako, Salif Keita commence sa carrière au Mali à l'âge de 16 ans. Il y accompagna notamment le club de Bamako en finale de la Coupe d'Afrique des champions. Remarqué par un grand supporter de l'AS Saint-Étienne, le libanais installé au Mali Charles Dagher, il fut alors appelé pour un essai avec les Verts. Celui qui remportera trois titres de champion de France, eut pourtant des difficultés à l'arrivée. Débarqué le 14 septembre 1967 à l'aéroport de Paris-Orly, personne ne semblait l'attendre.
« Il décidait alors de prendre un taxi pour rejoindre son nouveau club », relataient les « Coulisses de l'exploit » trois ans plus tard. Dans cette archive disponible en tête d'article, le « joueur d'exception » racontait : « L'arrivée était prévue au Bourget et à cause du mauvais temps, on a été obligé d’atterrir à Orly. Alors, j'ai attendu pendant deux heures, je n'ai vu personne, j'ai été obligé de prendre le taxi pour aller jusqu'à Saint-Étienne. »
Celui qui avait su « garder la tête sur les épaules » avec la réussite précisait : « Ça a couté cher. On en a ri, ce qui est normal pour une certaine catégorie de gens qui ont une connaissance qui se limite seulement à la France. Je pense que ceux qui ont l'habitude de voyager se sont moins marré. Au Mali, on peut faire 1 000 kilomètres en taxi, personne ne rigole. »
« Ils ont dit que je ne connaissais pas la géographie, ce qui n'est pas vrai ! »
S'ajoutait à cela le fait que le joueur ne disposait pas d'argent à son arrivée en France, s'étant fait voler juste avant son départ : « Et, il faut savoir, que si ma décision a été spontanée, elle n'a pas été irréfléchie : n'ayant pas d'argent, je ne pouvais pas me présenter devant un chef de gare pour lui demander de m'emmener à Saint-Étienne, tout en lui promettant que mon président paiera. (...) Si j'avais été voir un pilote, je ne pouvais pas payer. Donc j'ai été obligé de prendre un taxi. » Et d'ajouter : « Ils ont dit que je ne connaissais pas la géographie, ce qui n'est pas vrai ! Moi, j'ai quand même été à l'école et chez nous à l'école, on apprend la géographie. Et puis j'avais déjà fait un séjour de cinq jours à Paris. »
Des rumeurs coururent sur le montant de sa course, qui couta en réalité un peu plus de 1000 francs, soit un peu de moins de 1500 euros lorsque l'on convertit cette somme en euro en comprenant l'érosion monétaire due à l'inflation. Au vu des performances du joueur, cette somme fut vite remboursée. Il marqua un but dès son premier match. En tout, il inscrira 140 buts en 185 matchs.
Premier Ballon d’or africain 1970, il resta jusqu'en 1972 à Saint-Étienne puis joua à l'OM. Avant de rejoindre la Liga espagnole à Valence en 1973.