Il fait chaud, très chaud sur la France, au sud de la Loire, notamment dans le Sud-Est, où les températures pourraient atteindre, voire dépasser les 41 degrés. Et si on passait tous et toutes à la jupe comme le préconisent certains couturiers. Incomparables années 1970 où les artistes et créateurs s'amusaient à explorer de nouvelles possibilités et à enfoncer un coin dans les valeurs traditionnelles des sociétés occidentales. C'est ainsi que le styliste Jacques Esterel présentait en 1970 une collection unisexe qui comportait des robes chemises pour hommes.
Le 25 janvier 1970, le couturier était sur les Champs Élysées avec ses mannequins masculins, vêtus de longues robes filiformes, un événement filmé par les caméras de l'ORTF (dans l'archive placée en tête d'article) qui ne manquait pas de créer un attroupement de passants. Le créateur était bien décidé à changer les mentalités : « La robe que je lance cette année, expliquait aux caméras Jacques Esterel, la robe pour l'homme, va du matin au soir avec ce que j'appelle une sumérienne, c'est une robe qui permet d'affronter toutes les circonstances de la vie, lorsque les présidents directeurs généraux consentiront bien entendu à accepter leur personnel comme ça. Les gens à convaincre sont donc les PDG. Je crois que je suis contre toutes les ségrégations, qu'elles soient la ségrégation de la couleur, du sexe. Je ne dis pas qu'il faut s'habiller comme ça, je dis : "on peut s'habiller comme ça". C'est ma résolution. »
Des réactions mitigées
Les passants qui observaient, plutôt amusés, ce mini- défilé urbain, avaient des avis très partagés sur cette proposition de mode : « C'est complètement ridicule » jugeait une femme, à qui ce style ne « plaît pas, absolument pas ». « Je suis un peu vieux, mais si j'étais plus jeune, oui » estimait au contraire un homme plus téméraire. « Mais c'est affreux, je ne voudrais pas m'habiller comme ça, pas du tout ! » jugeait un autre badaud. Tandis que pour une passante, la robe pour hommes, « si on est habillés tous les deux pareils, pourquoi pas ! » « De toute façon, ça a déjà existé la robe pour homme, c'est toujours un éternel recommencement la mode » s'exclamait une autre femme.
Et finalement, le créateur lui-même portait-il ses robes sumériennes ? À la question du journaliste, Jacques Esterel répondait qu'il n'en avait pas « encore le droit », mais que dans quelques jours, il le pourrait le faire, « enfin, vous savez, moi, je suis aussi un peu comme Picasso, je ne ressemble pas forcément à mes tableaux » concluait-il avec une pointe d'ironie.