Mercredi 30 novembre, Annie Colère sort au cinéma. Sur grand écran, ce film raconte la vie d'une ouvrière et mère de deux enfants qui entre en lutte pour l'adoption de la loi sur l'IVG en 1974. Il est un hommage aux militants et militantes du MLAC, le Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception. Au début des années 70, cette association s'était en effet battue pour légaliser l’avortement.
En 1973, l’IVG était illégale en France. Le MLAC fut alors créé pour en demander la légalisation. Ses membres : des hommes, des femmes, médecins, étudiants, enseignants. Leurs revendications étaient claires. « Abrogation de tout texte répressif en matière d’avortement. Deuxièmement, une modification de la loi Neuwirth pour rendre la contraception libre d’accès aux mineures. Enfin, une prise en charge de la Sécurité sociale de tout acte médical concernant l’avortement et la contraception avec une dérogation spéciale pour les mineurs », énumérait une militante en 1973.
Cette association était autorisée, mais avait certaines pratiques illégales. Elle procédait notamment à des avortements clandestins. « Le MLAC pratique des aspirations depuis deux ans, dans l’illégalité la plus complète. On a préféré agir au nom de la légitimité et contre la légalité », expliquait avec assurance un militant.
Le collectif voulait faire avancer la loi sur l’IVG. Il manifestait, occupait pacifiquement des maternités. Il organisait aussi des voyages à l’étranger pour les femmes voulant avorter dans des pays où la pratique était alors légale. Tout ça finit par payer : en 1975, la loi Veil était votée, l’IVG dépénalisée. « À partir d’aujourd’hui, les Françaises peuvent se faire avorter librement, en tout cas dans les 10 premières semaines de leur grossesse », annonçait-on aux journaux télévisés.
Après 1975, remédier à l’application incohérente de la loi
Malgré la loi, il était encore difficile d’avorter pour certaines femmes : des médecins refusaient toujours de pratiquer des IVG, les hôpitaux manquaient de moyens et de personnels. Résultat, le MLAC continua les IVG clandestines. Un membre de l'association expliquait : « Toutes les jeunes femmes qui se font aspirer maintenant signent une déclaration disant que devant la carence des établissements publics, elles continuent d’avoir recours au MLAC pour se faire aspirer. »
Et dans l’illégalité, le MLAC s’exposait à des risques. En 1977, six militantes se retrouvèrent au cœur d’un procès médiatique à Aix-en-Provence. Elles furent poursuivies pour avoir aidé Chantal, une mineure, à avorter. Celle-ci disait, au micro des médias venus couvrir l'événement : « Moi, je ne leur en veux pas du tout parce qu’elles m’ont rendu un grand service. »
Les six militantes furent accusées de tentative d’avortement et d’exercice illégal de la médecine. Verdict, deux mois de prison avec sursis pour cinq d’entre elles, et un mois avec sursis pour la dernière. Un résultat en forme de victoire pour les soutiens de ces femmes : « Les manifestations se sont poursuivies tard dans la nuit après ce verdict ni chair ni poisson qui témoignait de l’embarras de la société devant l’application incohérente de la loi. »
Le MLAC a continué son combat jusque dans les années 80. Le collectif a notamment manifesté en 1982 pour demander le remboursement de l’IVG par la sécurité sociale.
La loi VEIL en question : l'avortement
1979 - 11:49 - vidéo