L'ARCHIVE.
Dans les années 1970, cette « caricature sexiste » des jeunes femmes étaient à peine voilée. C'est ce que nous montre le reportage en tête d'article. Dans cet extrait du magazine d'Antenne 2 « Un sur cinq », diffusé en janvier 1977, consacré aux coulisses de l'élection de Miss France, Patrice Laffont ne cachait pas une forme de séduction à l'égard des participantes. Allain Bougrain-Dubourg, son confrère pour l'occasion, évoquait pour sa part, mais de manière plutôt maladroite, sa gêne à assister à ce type de manifestations, s'indignant de l'image qu'un tel concours véhiculait à l'égard les femmes. S'il formulait rapidement ses réticences, il les exprimait avec des termes peu flatteurs pour les jeunes candidates, les comparants à du bétail : « j'avoue, j'ai eu du mal à faire la différence entre ce type de présentation et le salon de l'agriculture (...) à l'heure où on parle de libération de la femme, on peut tout de même s'interroger. »
À vrai dire, on ne parvient pas à savoir si ce reportage ne comportait pas quelques parties qui se voulaient humoristiques...
On apercevait les candidates sur les Champs-Élysées où elles défilaient en tenues folkloriques, « sous un froid polaire », tout en gardant le sourire face aux nuées de reporters. Si Allain Bougrain-Dubourg déplorait la mise en scène, Patrice Laffont jouait, lui, la carte de la misogynie et des sous-entendus grivois. Ses commentaires comme ses interviews seraient considérés aujourd'hui comme l'exemple parfait du sexisme. Ainsi, demandant à un passant âgé s'il était « un amateur de femmes », face à la réponse négative du quidam, l'animateur enchaînait avec un air entendu « C'est bien dommage ! ».
Après ce défilé, les jeunes femmes frigorifiées partaient en cortège officiel de DS à l'Hôtel de ville de Paris où elles étaient reçues dans les salons. L'occasion pour Patrice Laffont de leur poser quelques questions très orientées : « Vous êtes l'une des rares intellectuelles de ce groupe », ou d'interroger : « Vous vous épiez, l'une, l'autre ? ». À Miss Poitou, la favorite, il demandait si elle devait ce statut à sa taille, « parce que vous êtes la plus grande ». Une remarque qui surprenait l'intéressée elle-même : « j'espère que je ne serai pas élue pour ça ! », se défendait-elle en gardant le soutire.
Concours sexiste ou regard misogyne ?
Plus tard, le reportage dévoilait le test de connaissances générales auquel les postulantes devaient se soumettre. Dans l'archive ci-dessous, le journaliste Patrice Laffont n'aura de cesse de sous-entendre par ses insinuations peu élégantes le manque de culture des candidates. Même Madame de Fontenay, l’organisatrice de l'événement, aura bien du mal à défendre les velléités de ce concours, qui selon elle, n'était pas là pour instrumentaliser les femmes, mais pour rechercher l'équilibre entre le physique et l'intellectuel. Une précision mise à mal par son lapsus plus que révélateur en fin d'interview : « un corps sain dans un esprit sain. Heu pardon, un esprit sain dans un corps sain, pardon... »
Epreuve écrite pour les candidates au titre de Miss France
1977 - 01:26 - vidéo
"Nous luttons pour que Miss France ne soit pas une femme-objet, il est donc tout à fait normal qu'elle s'intéresse à ce qui se passe autour d'elle. Parce que le public a tendance à juger uniquement sur l'aspect visuel, mais nous, nous recherchons aussi les qualités intellectuelles, morales". (Madame de Fontenay)