Génie redouté et redoutable, brillant et sulfureux, Louis-Ferdinand Céline a non seulement, selon certains, révolutionné l’écriture, Voyage au bout de la nuit est l’une des œuvres les plus singulières de la littérature contemporaine, mais a également heurté par ses attitudes politiques et philosophiques controversées. Critiqué en raison de ses pamphlets ouvertement antisémites et de son engagement auprès de l’Allemagne nazie, ce « médecin des pauvres », comme il aimait à se qualifier, n’en est pas moins considéré comme l’un des plus grands auteurs et stylistes du XXe siècle. Dans l’archive en tête d’article, le 17 juillet 1957, Louis-Ferdinand Céline était reçu par Pierre Dumayet pour son livre D'un château l'autre, son dernier récit.
« Je ne suis pas un être de joie […] Je serai content quand je mourrai »
Il s'étonnait tout d'abord de l'avalanche de catastrophes qui lui étaient tombées dessus après la parution de Voyage au bout de la nuit. Il se défendait d'avoir voulu la notoriété par l'écriture, s'attendant seulement à avoir un peu plus d'argent pour s'acheter « un appartement et pratiquer la médecine ». Il se déclarait contre la violence. Ses livres étant faits pour lutter « contre la violence et la guerre ». Ils avertissaient du précipice dans lequel le monde allait tomber.
Il évoquait ensuite son enfance passage Choiseul, puis son père, esthète, et sa mère dentellière. Dans ce dernier ouvrage, l’auteur distinguait les endroits nobles comme les prisons, des endroits vulgaires comme la Foire du Trône.
Il dissertait ensuite sur le château de Sigmaringen (qui accueillit le régime de Vichy en exil) dont la situation reflétait un retour dans l'histoire. Il estimait que l'histoire de Vichy était l'affaire de tous. Céline terminait par un mépris total des fonctions humaines, vulgaires comme manger ou boire. « Il y a très peu de légèreté chez l'homme, il est lourd (...) pour le moment on est lourd ! »
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Michel Audiard, qui nourrissait une véritable passion littéraire pour lui, le qualifiait de « mendiant ingrat ».