Après trois semaines d'interdiction liées à la crise du Covid-19, il est de nouveau autorisé depuis le 16 février de consommer debout dans les cafés, de boire et manger dans les trains et dans les salles obscures. Au cinéma, cette autorisation marque le grand retour du grignoteur bruyant de pop-corn. Ce retour va sans doute excéder les misophones, ces personnes sensibles aux bruits (bruits gutturaux, nasaux ou buccaux, tapotements des doigts sur un clavier...), mais va ravir les grands complexes dont le chiffre d’affaires dépend en grande partie des ventes de boissons et de sucreries.
Déguster une glace ou des bonbons en regardant un film est une ancienne tradition, personne n'a oublié l'ouvreuse qui vendait ses douceurs aux spectateurs en sillonnant la salle. Mais ce modèle économique s'est encore accentué à la fin des années 1990, avec l’apparition des multiplex. Ces lieux regroupant jusqu’à une vingtaine de salles et des espaces de restauration.
L’archive en tête d’article date de décembre 1998, à l’époque l'un des premiers complexes parisien, l’UGC Cité-Ciné Bercy, ouvrait ses portes. En plus de ses 18 salles, il offrait aux spectateurs la possibilité de se restaurer ou de boire un café dans un espace convivial. Une révolution !
Spectateur-consommateur
En plus d'un café cosy, des comptoirs étaient mis à la disposition des clients pour acheter glaces, pop-corn et autres confiseries à emporter en salle. Mais les fameuses ouvreuses d'autrefois n'avaient pas encore totalement disparues. Elles passaient toujours de rang en rang pour proposer un choix de sucreries variées. L'une d'elle estimait toujours jouer un rôle essentiel malgré le service proposé à l'extérieur des salles : « Soit ils [les spectateurs, ndlr] ont oublié une boisson, soit ils ont envie d’une autre glace. Ils ont toujours envie de quelque chose. »
Un son numérique, des salles confortables et de quoi se sustenter, les clients interrogés étaient aux anges. Un petit spectateur chargé de l’indispensable maxi pot de pop-corn exprimait sa joie : « Là on est devant un grand écran, on a du pop-corn, c’est 10 fois mieux ». Un autre spectateur attablé prônait la « convivialité » du multiplex, un autre appréciait « le cadre ».
Cette nouvelle manière d’aller au cinéma faisait recette car depuis son ouverture, la fréquentation avait augmenté de 50%, selon le commentaire. La directrice de ce complexe n’y voyait que des avantages, notamment pour l’avenir de l’industrie cinématographique. « La création des multiplex a relancé le cinéma. Plus il y a d’entrées, plus il y a de l’argent, plus on produit », disait-elle.