25 ans après la première réintroduction et après des opérations de renforcements supplémentaires, la population d’ours dans les Pyrénées croît régulièrement et dépasse la soixantaine d’individus. Malgré cette tendance positive, l’ours n’était pas encore sauvé en France en 2021. A l'époque, à peine sortis de leur hibernation, des images de trois oursons étaient repérées par des caméras. Il s'agissait des petits de Sorita, une ourse slovène lâchée en 2018 dans le Béarn. C'est la première portée depuis 2004 dans les Pyrénées-Atlantiques, et la première naissance répertoriée de trois ours depuis les années 1970.
En 1996, leur réintroduction était sujette à débat comme on peut le voir dans l'archive en tête d'article. Attraction et répulsion, le lâcher faisait parler les habitants de Melles. Entre berger, chasseur et pro-ours, le débat était vif mais certains comme le maire espérait que cette réintroduction mette en valeur leur territoire. Une étude réalisée cette année-là dans le haut Béarn révélait qu'il ne subsistait que quatre « plantigrades » en liberté. Un seuil critique au-dessous duquel la reproduction devenait impossible. Le président de la commission de l'environnement de la région avertissait : « Il va falloir avoir une action volontariste (…) l'avenir de l'ours passe par l'homme actuellement. »
Il ne reste que 4 ours dans les Pyrénées
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En avril 1996, la décision était prise de réintroduire des ours en provenance de Slovénie. Cela se ferait dans le village de Melles. Pierre-Yves Quenette, biologiste, évoquait les questions de compatibilité entre les différentes espèces d'ours.
Pays d'en France : réintroduction ours Pyrénées
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L'archive ci-dessous, du 6 juin 1996, nous montre l'arrivée de Kolpa, 98 kilos et un joli pelage caramel, elle rejoignait sa copine Ziva, 102 kilos, relâchée trois semaines plus tôt,au grand dam de certains villageois. Kolpa capturée la veille du une forêt slovène allait devoir se trouver un nouveau territoire. Ses déplacements seraient surveillés par une balise Argos placée sur un collier.
Ours Pyrénées
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« Elle est fessue, très tonique et agréable ». Roland Guichard de l'association Artus.
2018 : la réintroduction vitale pour la survie de l'espèce
En mars 2018, Nicolas Hulot, alors ministre de la Transition écologique et solidaire annonçait la réintroduction prochaine de deux ourses femelles, à l’automne, dans les Pyrénées-Atlantiques : « Je ne veux pas être le ministre qui assiste à la disparition de cette lignée », assurait-il alors. L'objectif était en effet d'enrayer la disparition totale de ces mammifères de la région. Elles rejoindraient les huit ours qui avaient déjà été lâchés entre 1996 et 2006.
A l'époque, les chiffres du dernier recensement indiquaient que leur population s’élevait à 39 individus, la quasi-totalité de ces ursidés vivant surtout dans la partie centrale de la chaîne montagneuse, plus isolée. Mais les Pyrénées-Occidentales ont vu leur population d’ours continuer à décliner au fil des décennies. Depuis la mort de Cannelle en 2004, tuée accidentellement par un chasseur au cours d'une battue aux sangliers, il ne restait plus alors que deux ursidés mâles. Néré et Cannellito. Les deux « beaux gosses poilus » n'avaient pas vu de femelles depuis cette date. Ce célibat forcé pouvait bien aboutir à une extinction de leur espèce et annihiler les efforts des associations engagées dans la préservation de l'éco-système montagneux.
Le 8 mars 2018, le tribunal de Toulouse allait même condamner l’Etat français pour son manque d’investissement dans la protection de cette espèce après un dépôt de plainte de plusieurs associations. Plus grave encore, Cannellito, seul descendant de Cannelle, était le dernier représentant vivant de la souche 100% pyrénéenne de l’ours brun. En effet, les individus réintroduits . Il était donc important que Cannellito puisse se reproduire et perpétue la diversité génétique de la population d’ours vivant dans les Pyrénées.
En 2021, la bonne nouvelle, c'est que Sorita s'est accouplée avec l'ours Rodri, donnant naissance à trois oursons. C'est une bonne nouvelle mais rien n'assure que les oursons arriveront à l'âge adulte. À la mortalité naturelle toujours possible s'ajoute la menace humaine : trois ours ont été tués par des hommes en 2020, un en France et deux en Espagne. Malgré ces naissances, la population des ours des Pyrénées n'est toujours pas viable. Mais en en juin et juillet 2022, la petite «famille allait bien », l’ourse Sorita, un de ses 3 fils (né en 2021) et le mâle Rodri ont été pris en photos par des caméras automatiques.
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Pour aller plus loin :Ce monde étrange et merveilleux : Le mythe de l'ours dans les Pyrénées (vidéo, 1969) Ce monde étrange et merveilleux : La chasse à l'ours dans les Pyrénées (vidéo, 1969) Le dernier ours des Pyrénées (vidéo, 1981) Y-a-t-il encore des ours dans les Pyrénées ? (vidéo, janvier 1996) La France en émoi après la mort de Canelle, tuée par un chasseur. Elle laisse un petit ourson derrière elle (Canelitto) (vidéo, 3 novembre 2004) Peur de l'ours dans les Pyrénées (vidéo, 2017) Des ours s'attaquent aux troupeaux (vidéo, 2017) Les étapes de la réintroduction de Palouma, une ourse slovène en 2006. Elle ne vivra que quatre mois dans les Pyrénées victime d'une chute. (19-20 édition nationale, 27 mars 2018) Dix conseils pour la bonne observation des ours des Pyrénées prodigués par l'association FIEP-ours des Pyrénées. |