L'artiste néo-pop américain Jeff Koons a annoncé mardi 29 mars 2022 son intention d’envoyer des sculptures sur la Lune. Cette opération est liée à son entrée dans l'univers des NFT (jeton non fongible) qui représente un objet, auquel est rattachée une identité numérique vendue sur terre. En l'occurrence ici, une oeuvre. Le voyage de ce « groupe de sculptures » aura lieu « plus tard cette année ». Dans leur communiqué les partenaires de l'aventure, Pace Verso, 4Space, NFMoon et Intuitive machines n'ont pas précisé combien d'oeuvres seraient concernées par le projet baptisé « Moon Phases ».
Mais Jeff Koons ne sera pas le premier à envoyer une œuvre sur le satellite terrestre. L’archive en tête d’article présente l’aventure d’un artiste belge qui « expose » en permanence depuis plus de 50 ans, à plus de 380 000 kilomètres de la terre ! Il est le premier à avoir une œuvre sur le sol lunaire. En 2007, il racontait son incroyable aventure.
A l’époque, Paul van Hoeydonk, autodidacte de 82 ans, était présenté comme un artiste « bon pied bon, bon œil » mais avec – au sens propre – « toujours la tête dans les étoiles ». Dans son atelier, il expliquait qu’il ne s’était « jamais laissé enfermé mentalement ». Dans les années 1960-70, il était déjà un ovni dans le monde artistique. Représentant pour Esso, il était devenu en quelques années un artiste reconnu, s'installant à New York où il fréquentait Armand, Christo... et avait créé son « Space Art », en pleine conquête spatiale.
C'est dans ce contexte qu'il allait tentait l'incroyable : convaincre le gouvernement américain d'envoyer une de ses œuvres sur la Lune ! Dans l'interview, il racontait avec humour que l’argument qui aurait fait mouche auprès du président américain, c'était qu’il n’était ni « démocrate ni républicain, mais belge ».
C'est avec fierté qu'il montrait ensuite sa première esquisse conçue en Belgique. Une forme humaine « assez anonyme », un personnage ni blanc ni noir, ni homme ni femme. Le projet final sera une forme symbolique de 8,5 cm de haut, incorporé dans un étui de résine bleue.
Mais l’octogénaire racontait que le projet avait failli échouer car la NASA avait catégoriquement refusé que l’on envoie du plastique sur la Lune. A la dernière minute, il était parvenu à renvoyer un second personnage brut, « par la poste ! Il est arrivé 5 minutes avant le départ », précisait-il encore médusé par sa chance.
La première oeuvre « extraterrestre »
Le 2 août 1971, la sculpture a finalement été déposée sur la surface d’un cratère Lunaire par le commandant David Scott de la mission Apollo 15. Au retour de la mission une autre surprise attendait le concepteur. Sur des clichés, il allait découvrir que son personnage n'avait pas été placé « debout », comme il l'imaginait, « mais couché ». L’artiste surpris ne s’en était pas offusqué.
L'œuvre est finalement devenue un hommage aux astronautes morts pour la conquête spatiale. Elle repose devant une plaque commémorative de la Nasa où sont inscrits les noms de quatorze astronautes et cosmonautes qui ont donné leur vie. Composé d'aluminium, le « Fallen astronaut » (l'astronaute tombé) est capable de résister aux températures extrêmes régnant à la surface de la Lune (entre -175°C et 125°C). Il observe toujours la Terre depuis son musée spatial et accueillera peut-être bientôt de nouveaux « camarades » conçus cette fois par Jeff Koons.
Fallen Astronaut, déposée sur le sol lunaire en 1971.
Fallen Astronaut, déposée sur le sol lunaire en 1971.