L'artiste américain qui a fêté ses 60 ans en 2015 déclarait : "Je vais essayer d'aller encore plus loin, de repousser les limites (...) Il me reste trente ou quarante ans. Picasso, qui a vécu plus de 90 ans, est pour moi un excellent exemple qu'à tout moment de votre vie, vous pouvez exercer votre liberté et avoir une vie riche et pleine".
Jeff Koons, la liberté de créer
Cet homme épris de liberté, après avoir été longtemps courtier en matières premières à Wall Street, s'est lancé dans l'art au milieu des années 80. Sa pratique artistique est plus qu'étonnante puisque l'artiste ne réalise aucune de ses œuvres. Ce sont ses assistants (une centaine) qui les fabriquent. Lui préfère insuffler des idées, s'approprier des objets du quotidien et découvrir le moyen de les glorifier, comme il l'expliquait en 1997. Plus étonnant, il affirmait aussi avoir toujours aimé l'art français : "J'adore le rococo français et le baroque". Son inspiration ? Le quotidien : "Je suis tout à fait en phase avec la réalité. quand je marche dans la rue je vois la même chose que tout le monde et j'essaye d'y prendre le maximum de plaisir". Il précise ne pas analyser son art : "avoir une approche naturelle des choses et se dire : "Ça c'est une bonne idée. Je devrais faire quelque chose avec. Voilà comment je fonctionne".
Les icônes de l'artiste
Ses objets, transmutés, deviennent des icônes réinterprétées par son esprit libertaire, à l'image de son fameux lapin gonflable en inox le "Rabbit", exposé à Versailles en septembre 2008.
Ou ce grand "Balloon Dog", couleur Magenta, propriété de François Pinault, présenté à la fondation d'art contemporain de Venise depuis 1995.
Koons à la fondation Pinault, 2006
Il y a aussi cette sculpture de Michael Jackson en porcelaine "Jackson and bubbles", l'une des pièces maîtresses de la très contestée exposition au château de Versailles en 2008.
L'artiste étonne également en 2010 avec cette "art car", une BMW en lice aux 24h00 du Mans et entièrement "colorisée".
Les délices de la provocation
Contesté, il l'est ! Koons "le dérangeant" se délecte de la provocation. "Je vais essayer d'aller encore plus loin, de repousser les limites (...)". Il n'hésite pas à mettre en scène sa vie très privée dans la sulfureuse série "Made in Heaven" le représentant en plein acte sexuel avec "la Cicciolina", ex-star du porno qu'il épousa en 1991.
L'artiste aime bousculer les conventions et s'expose volontiers là où on l'attend le moins. En 2008, 17 de ses œuvres investissent le château de Versailles. Son travail est jugé si scandaleux que le descendant de Louis XIV saisit la justice au nom du respect de ses aïeux. Le prince Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme, demande l'interdiction de l'exposition. Le tribunal rejette sa requête.
Quant aux visiteurs, ils hésitent entre "souillure de l'art" et "liberté d'expression". Le homard pendu au plafond peut en effet surprendre!
D'autres, comme les membres du groupe versaillais Phoenix, s'amusent de cette mutinerie artistique, en 2009.
Troublant, dérangeant, Koons reste également un incorrigible optimiste. Pour son exposition parisienne à Beaubourg, il déclarait que son oeuvre avait assez "mûri" pour permettre une rétrospective et "un dialogue avec le public."
Le homard rouge de Koons investit Versailles en 2008
Florence Dartois
Sur le même sujet