Ken Follett est né le 5 juin 1949 à Cardiff, au Pays-de-Galles. C'est dans le journalisme qu'il débute sa carrière, mais très vite, ses talents de conteur l'amènent à écrire des livres d'espionnage. Dès 1978, il rencontre le succès éditorial, avec l'Arme à l'Oeil, traduit en français en 1980. Une langue que l'auteur maîtrise, bien que prononcée avec un fort accent britannique.
Plaisir du lecteur
Son credo d'écrivain, il le récite avec cette définition qui montre à quel point il tient à se concentrer sur le plaisir du lecteur, sur le déroulement de l'action, plutôt que sur un style littéraire qu'il ne prétend pas posséder. Au cours d'un entretien en 2014 pour l'émission « Pop Fiction » sur France Inter, Ken Follett explique s'attacher avant tout à ce que « le lecteur s’inquiète, qu’il ait peur, qu’il pleure peut-être même un petit peu, que son cœur batte ». Le plus important pour l'auteur, qui revendique avec fierté et lucidité son aspect « populaire », ce sont les « émotions qui vous attrapent quand vous lisez ».
Son succès, Ken Follett, le doit donc à ses histoires, racontées avec une efficacité, un rythme, qui s'apparentent aux séries télévisées, aux scénarios de film. « Travaillant tous les jours, parfois le weekend », Ken Follett s'attelle surtout à vérifier que « sur chaque page, il y ait quelque chose qui donne envie de la tourner pour découvrir la suivante ».
La matière de ses milliers de pages, c'est son imagination bien sûr, mais aussi des « confidences journalistiques » et surtout une riche et solide documentation historique, qu'il puise dans les sources écrites. Il y recherche « le drame dans l'Histoire », ces événements survenus dans le passé qui retiennent son attention parce qu'ils ont été le champ d'une « bataille pour la liberté ».
Fresques historiques
Le travail littéraire de Ken Follett est surtout réputé pour ses deux vastes fresques historiques. La première a pour cadre ce Moyen Age qui le fascine depuis des décennies. Avec Les Piliers de la Terre, écrit en 1989, il acquiert une renommée internationale qui le place au premier rang des écrivains à succès. En 2008 et 2017, il donne une suite à ce roman historique, avec respectivement Un monde sans fin, et Une colonne de feu.
Passionné d'histoire, Ken Follett s'attelle à une autre épopée, racontant cette fois-ci le XXe siècle. Ce sera la trilogie Le siècle, commencée en 2010 avec La Chute des géants, qui prend pour cadre la Première guerre mondiale, puis L'hiver du monde, en 2012, racontant la Deuxième guerre mondiale, et enfin Aux portes de l'éternité, en 2014, avec pour toile de fond la Guerre froide.
Un travail titanesque, ambitieux, qu'il doit beaucoup à sa passion pour Shakespeare, le premier, selon lui, à avoir dépeint l'histoire de tout un siècle, le XVe, à travers ses pièces historiques. Ken Follett raconte les avoir toutes vues en un long weekend de quatre jours, au Round Theater de Londres : « Peut-être pensez vous que c’est trop de Shakespeare, mais non, c’était un moment formidable, et j’ai vu qu'il était possible de raconter l’histoire d’un siècle entier », s'enthousiasme t-il au micro de France Inter.
A cette source éminemment classique et universelle, Ken Follett ajoute volontiers celle d'un auteur plus moderne, et délicieusement britannique, Ian Fleming, l'auteur des fameux James Bond.
Epicurien
Son succès, Ken Follett ne s'en cache pas au micro de « Pop Fiction », lui apporte un grand confort matériel, dont il jouit à travers « les voyages, les beaux costumes et les bons vins ». En homme de gauche, dont l'épouse fut ministre de l'égalité des chances au sein du gouvernement travailliste de Gordon Brown, il apprécie par ailleurs le fait de « payer beaucoup d'impôts ». Ken Follett semble doté de ce caractère à toute épreuve qui fait de lui un éternel optimiste qui sait prendre la vie du bon côté, avouant ne jamais avoir été concerné par les problèmes de dépression.
Il ne faut donc pas prendre pour argent comptant le titre de son groupe de musique, fondé il y a une vingtaine d'années avec des amis, Damn right I got the blues ! L'autre grande passion de Ken Follett après l'écriture, c'est bien la musique. L'auteur à succès y joue de la basse, et chante : « Cela me détend », confesse-t-il au micro de France Inter, « l’exercice de la musique est spontané, le contraire de l’écriture ».
Sa pratique de la musique est ancienne, et date de son adolescence. Ken Follet s'achète une guitare à 14 ans, et ne la quitte plus. Pour lui, c'est comme un premier jouet après une enfance marquée par une éducation austère.
Rigueur puritaine
Qui l'eût cru, devant la prodigalité de cet auteur, amateur des bonnes choses de la vie ? Son enfance est en effet marquée par la rigueur puritaine et protestante de ses parents : « Nous n’avions pas la télé chez nous, défense [était faite] d’aller au cinéma, nous n'avions pas de radio, et le rock and roll était tout à fait défendu, considéré comme dangereux ».
Un cadre austère donc, mais tempéré par l'imagination de sa mère qui lui raconte toutes sortes d'histoires, souvent inspirées de la Bible : « Des histoires, des chansons, des poèmes, ma mère était très imaginative. Il y avait quand même dans la Bible des histoires incroyables, avec Jésus, le Diable. Je croyais qu’ils existaient vraiment ! »
Aujourd'hui, cela fait bien longtemps que Ken Follett ne croit plus en la réalité des Enfers. Mais il continue avec un plaisir diabolique à insuffler dans ses écrits le souffle de la grande histoire et des épopées qui font la matrice de l'existence humaine.