L'ACTU.
Ce 2 août 2023, l’humanité a consommé l’ensemble des ressources planétaires pour l’année. Il s'établit cinq jours plus tard que l’an dernier (le 28 juillet), a calculé Global Footprint Network en partenariat avec la Footprint Data Foundation de l'Université York, à Toronto (Canada). Mais il ne faut pas se réjouir, cela ne signifie pas que la situation s’améliore, prévient l’organisme. C’est la méthode de calcul qui a changé. Les chercheurs prennent en compte l'ensemble des ressources nécessaires à la production de biens et de produits consommés chaque année : nourriture, habits, énergie, déchets, infrastructures, et le gaspillage. Notre empreinte écologique est croisée avec la biocapacité de la Terre, soit la capacité de la planète à les recréer.
L’ONG américaine Global Footprint Network explique que le « dépassement » se produit lorsque la pression humaine dépasse les capacités de régénération des écosystèmes naturels. Eau, alimentation, ressources… Le constat est sans appel. L'humanité a déjà consommé la totalité des ressources que la planète peut renouveler en un an. Elle vit donc « à crédit ».
En 1971, cette date était atteinte le 25 décembre, les ressources planétaires permettaient alors d'assurer la consommation de l’humanité durant presque toute l’année. Le jour du dépassement est passé au mois de novembre dans les années 80, puis octobre pour les années 90. Depuis 2005, c'est en août. En 2020, année particulière liée à la crise de la Covid-19, le seuil avait été atteint le 16 août.
Quoi qu'il en soit, la réduction de la date du dépassement est bien top lente, les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) alertant : « il faudrait déplacer le jour du dépassement de la Terre de 19 jours par an pendant les sept prochaines années »
Nouvelle méthode de calcul
Jusqu'à présent, le jour du dépassement était calculé avec des données provenant de plusieurs agences des Nations unies, comme l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Ces données arrivaient avec un décalage de trois à quatre ans par rapport à l'année en cours. Pour y remédier le Global Footprint Network intègre désormais de nouvelles données issues de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) ou encore du Global Carbon Project, organisation qui quantifie les émissions mondiales de gaz à effet de serre.
L'ARCHIVE.
Le 19 août 2010, à deux jours de la date butoir, le JT de 13h00 de France 2 revenait sur cette notion de « dépassement » qui correspond, selon les calculs de ONG, à l'épuisement annuel des ressources naturelles disponibles sur Terre du fait d'une consommation humaine excessive, obligeant à puiser dans les réserves de la planète.
Gaëlle Gurive, chargée de programme Modes de vie durable chez WWF, alertait : « à partir de ce jour, ça veut dire de l'érosion, du réchauffement climatique, toutes les conséquences environnementales que l'on connait ».
Cette journée faisait référence à « l'empreinte écologique », une notion explicitée pour l'occasion par Maximilien Rouer, président de Becitizen, société de conseil stratégique en développement durable : cette notion permettait d'alerter et de sensibiliser la population. Selon lui, la solution était de développer une « croissance économique positive pour l'environnement qui pourrait stocker du carbone, produire plus d'énergie qu'elle n'en consomme et restaurer la biodiversité ».
Dans la rue, les badauds étaient moins optimistes, voire fatalistes : « C'est peut-être trop tard ! Ça fait maintenant longtemps que ça va mal ». S'ils envisageaient de « faire des petits gestes », la plupart soulignaient qu'il serait important de mener une vraie politique mondiale sur le sujet.
L'indice utilisé par l'ONG pour mesurer notre empreinte écologique continue, année après année, à illustrer la consommation toujours plus massive et rapide d’une population en expansion sur une planète limitée. Selon l'ONG WWF, si le monde vivait à l'instar de la France, il faudrait cette année 2,9 terres pour répondre aux besoins. Global Footprint Network alerte, 1,7 terre serait nécessaire pour subvenir aux besoins de la population mondiale de façon pérenne.
Une responsabilité collective
Le même jour, Bruno Genty, président de France Nature Environnement, était en plateau pour parler des conséquences concrètes du « jour du dépassement » : « L'empreinte écologique met en évidence que nos modes de production et de consommation, tels que nous les connaissons chez nous, épuisent de plus en plus les ressources de la planète ». Il ajoutait qu'il était important de prendre conscience que les ressources qui restaient, perdaient en qualité, à l'image de l'eau, « un double phénomène inquiétant ». Il avertissait : « Si nous ne réagissons pas, cela nous mène droit à une grave crise économique et sociale ».
Bruno Genty évoquait ensuite la responsabilité des autorités, des entreprises et des citoyens dans ce problème majeur. Il donnait quelques exemples d'actions à faire au quotidien comme contrôler sa consommation d'énergie et d'eau. Il parlait notamment des téléphones portables, source de pollution : « Pour fabriquer nos téléphones portables, lorsqu'il est en fin de vie, ça génère quelques centaines de grammes de déchets, mais pour le fabriquer, une étude a mis en évidence que l'on consomme 75 kilos de ressources ! » La solution était selon lui de doubler leur durée de vie : « On réduiraitainsi de moitié cette prédation des ressources », et cette responsabilité-là, elle était au niveau « des autorités et des entreprises », mais pour que le mouvement s'amorce, ajoutait-il, il faudrait également « une forte demande citoyenne ».