Juillet 1885, pour la première fois au monde, un petit alsacien de neuf ans, Joseph Meister, mordu à 14 reprises par un chien enragé, se fait vacciner contre la rage par Louis Pasteur (1822-1895). C'est la première fois qu'un tel vaccin est utilisé sur un humain. Malgré ses craintes, le chercheur qui jusqu'alors ne l'avait testé que sur des chiens, l'inoculait à l'enfant dont les chances de survie auraient été nulles sans son intervention. Le succès du traitement va connaître un retentissement international et propulser Pasteur au premier rang des chercheurs de son temps. Les malades accourant de partout pour se faire vacciner. Une notoriété qui lui permettra de fonder un institut qu'il inaugurera en 1888 et où il finira ses jours.
L'archive que nous vous proposons d'écouter en tête d'article est une interview radio du rescapé, enregistrée 55 ans après les faits, en 1939. Joseph Meister alors âgé de 64 ans relatait l'expérience qui avait sauvé sa vie et l'avait bouleversée à jamais. Il racontait notamment comment ses parents ayant entendu parler qu'« un chimiste à Paris travaillait sur un vaccin » l'avaient mené dans la capitale : « À cette époque, monsieur Pasteur avait beaucoup d'ennemis, surtout dans le monde médical. Dans les hôpitaux, on refusait de me donner son adresse et l'on voulait me garder pour me soigner. Mais ma mère insista tellement qu'on finit par nous envoyer à l’École normale supérieure de la rue d'Ulm où travaillait Pasteur. »
Le vaccin de la dernière chance
Le sexagénaire se souvenait des réticences du chercheur qui n'avait jamais testé son vaccin sur un humain et qui s'apprêtait à faire de l'enfant son premier cobaye humain : « Pasteur était très ému. Il n'avait jamais fait d'expérience de son vaccin autrement que sur les animaux. Mais ma mère insista, faisant valoir que puisque j'étais condamné, je n'avais rien à craindre et que l'on pouvait essayer au moins le seul traitement qui existait. »
Par la suite, Joseph était resté proche de son sauveur comme il le confiait encore ému : « Il s'est toujours inquiété de moi et c'est grâce à lui que je suis revenu à Paris. J'ai même travaillé un certain temps avec Pasteur lui-même dans son institut fondé en 1888. »
Quelques années plus tard, involontairement, le jeune homme avait dû être une nouvelle fois vacciné contre la rage, mais ce n'était pas le chercheur qui l'avait vacciné cette fois, il expliquait pourquoi : « En 1890, en travaillant au service de la rage, j'ai été mordu par un cobaye enragé et je subis une deuxième fois le traitement, mais à l'Institut Pasteur, car il était très déprimé à l'époque. On ne voulait pas lui créer d'autres surprises. »
À l'époque de cet entretien, Joseph Meister était devenu le concierge de l'Institut Pasteur, fonction qu'il exerçait depuis 1913. Louis Pasteur s'était quant à lui éteint dans son institut quelques années plus tôt le 28 septembre 1895.
Joseph Meister, un « cobaye » historique
Le 7 mars 2009, dans l'émission « Le plus grand musée du monde », en visite au Musée Pasteur, Eric Brunet rencontrait Stéphanie Colin, documentaliste, elle lui racontait l'épisode de la vaccination du petit Joseph, mordu par un chien enragé, qui sera, le 6 juillet 1885. Il fut le premier être humain à être vacciné contre la rage.
Joseph Meister, premier humain vacciné contre la rage
2009 - 01:56 - vidéo