L'ACTU.
Le 9 novembre paraît chez Fayard l'autobiographie de Jordan Bardella intitulée Ce que je cherche. Dans ces confessions, le président de RN, âgé de 29 ans, revient sur son parcours, ses origines banlieusardes, son amour de la France. Encore inconnu il y a 10 ans, comment est-il parvenu à s'imposer dans la vie politique française ? Pas d’études politiques, le bac en poche, mais un storytelling bien huilé. Récit en archives de son ascension.
LES ARCHIVES.
Le montage d'archives en tête d'article revient sur le parcours atypique et fulgurant de Jordan Bardella au sein du Rassemblement national. À ses débuts, le jeune homme se présente comme originaire de Seine-Saint-Denis (93). À 19 ans, ce militant est un inconnu. Et même le journaliste écorche son nom. Pas de diplôme autre que le bac. Pas d'expérience dans le monde du travail, si ce n’est un stage dans l’entreprise de son père… Mais une ambition politique déjà évidente et une carte maîtresse qu'il ne cesse de mettre en avant : il a grandi à Saint-Denis, dans le 93, le département le plus pauvre de France. Et ça, ça compte pour les cadres du FN. Il monte alors le collectif « Les banlieues patriotes », avec Florian Philippot.
La caution « banlieue » du FN
Le FN et les banlieues, ça ne va pas de soi, mais son défi est de déconstruire cette opposition symbolique. Il enfile son costume cravate et arpente les marchés populaires prenant sa mission à cœur : récupérer des électeurs de banlieue. C'est tout naturellement qu'en 2015, Jordan Bardella devient tête de liste FN dans le 93 pour les Régionales. Son discours est bien rodé : « Nous ne voulons plus, mes chers amis, de cette banlieue "black-blanc-beur" que les élites tentent de nous imposer depuis 30 ans, nous voulons une banlieue "bleu-blanc-rouge" ! ».
Cette jeune pousse, qui présente bien, fait mouche auprès des cadres dirigeants du parti. Car les voix des banlieues représentent un enjeu à l’approche de la présidentielle de 2017. Son objectif : leur redonner une place dans la Nation.
En parallèle, Jordan Bardella prend de plus en plus d’aisance sur les plateaux télé. Mais certains adversaires politiques commencent à douter de son ancrage affiché à Saint-Denis. Il est, certes, né à Drancy et a grandi dans la cité Gabriel Péri à Saint-Denis, mais il a effectué toute sa scolarité dans des établissements privés et allait chez son père tous les mercredis et weekends à Montmorency, une commune aisée du Val-d'Oise. Qu’importe, le parti a trouvé un bon filon. Il devient ainsi le visage de la banlieue. Le récit est écrit, il n’y a plus qu’à le dérouler. Et cette rhétorique convainc aussi les militants.
En 10 ans, Jordan Bardella est passé de simple militant à conseiller régional, député européen et enfin président du Rassemblement national. Une ascension fulgurante qui repose en partie sur une histoire construite et enjolivée par le parti d'extrême droite.