L'ACTU.
Le jeu Pong est considéré comme l’un des précurseurs des jeux vidéo. Il sortait il y a 50 ans, le 29 novembre 1972. On attribue la conception de ce tout premier jeu d'arcade basé sur le tennis de table à Nolan Bushnell, concepteur de la première machine d'arcade (Computer Space) en 1971, et à Allan Alcorn, l’un de ses élèves. Le principe du jeu peut paraître aujourd’hui désuet, mais représentait à l’époque une révolution. Il s’agissait d'une simulation d'une table de ping-pong, vue de dessus, sur un écran en noir et blanc. Le joueur déplaçait une raquette matérialisée sous la forme d’une barre verticale pour renvoyer la balle, un carré blanc, du côté adverse. Comme dans un vrai match, selon l'angle de frappe, la trajectoire de la balle changeait de direction et de vitesse.
L'ARCHIVE.
Ce que l’on sait moins, c’est qu'au début des années 1970, une entreprise et un institut de recherche toulousains s’étaient, eux aussi, lancés dans la fabrication d’un jeu similaire à Pong. Le 1er août 1977, FR3 Toulouse consacrait un long sujet à l’un de leur jeu présenté alors comme « le premier jeu modulaire européen ». Une fierté pour la région puisque ce « Pong » « made in France » sortait d'une entreprise du cru, la société occitane électronique.
L'archive en tête d'article présente les coulisses de cette petite entreprise innovante et la genèse du jeu. « Déplacement des joueurs sur l’écran, variation à volonté des conditions de jeu », la miniaturisation du système de programmation, le microprocesseur, offrait désormais la possibilité d’innover en matière de jeux vidéo. Sentant le potentiel, l’entreprise d'électronique s'était lancée dans la fabrication de ces jeux un an et demi plus tôt, notamment dans un Pong innovant. Dans une interview, son PDG affirmait l’importance de d'innover en permanence et de le faire au service de l’imagination. Mais le problème essentiel de celle que l'on appellerait aujourd'hui une start-up était de trouver de l’argent pour se développer, augmenter la production et faire baisser les coûts : « avec les jeux électroniques, on ne peut pas y mettre uniquement le petit doigt, mais tout le bras. »
De l'innovation locale
14 personnes à plein temps travaillaient au siège de l’entreprise qui avait été créée par des particuliers. Chercheurs, techniciens, ingénieurs, commerciaux étaient filmés au milieu des circuits intégrés et ordinateurs « dernier cri ». Également sur place, la chaîne de montage où se déroulait toutes les opérations, « depuis l’assemblage jusqu’au test final ». Tout était fabriqué et testé localement, avec du personnel recruté sur place, « de très bonne qualité », insistait le PDG. L’entreprise digne de la Silicon Valley possédait une autre originalité très avant-gardiste, elle pratiquait déjà le télétravail ! « Et la formule du travail à domicile que nous avons développé est très bonne, précisait le directeur, pour l’employé comme pour l’employeur ».
La suite du reportage se déroulait à l’ENSEEIHT (Institut d'Électronique, d'Informatique, d'Hydraulique et des Télécommunications), au laboratoire de télévision et du traitement du signe à l’image, qui avait collaboré à la genèse du projet au début des années 1970. Un professeur revenait sur cette fructueuse collaboration université-entreprise. Elle avait débuté six ans plus tôt avec les élèves de troisième année. Ils avaient planché sur la réalisation d'« un jeu de télévision » représentant une partie de tennis de table. Ce prototype, présenté fièrement face caméra par le professeur, ressemblait à une carte à puce géante. Il précisait que depuis ce premier jeu, notamment grâce à l’utilisation des microprocesseurs, les industriels s’étaient lancés dans sa production de masse. Les étudiants cherchaient désormais à développer un nouveau jeu basé, cette fois, sur le billard.
Les jeux vidéo arrivent en force dans les foyers en 1977