« Je suis pour le communisme
Je suis pour le socialisme
Et pour le capitalisme
Parce que je suis opportuniste
Il y en a qui contestent
Qui revendiquent et qui protestent
Moi je ne fais qu'un seul geste
Je retourne ma veste, je retourne ma veste
Toujours du bon côté »
Le 28 mars 1969, Jacques Dutronc, accompagné de ses musiciens, interprétait sur le plateau de « Tous en scène » son tube, L'Opportuniste, une chanson un poil anarchiste, composée un an plus tôt sur des paroles de Jacques Lanzmann et sa compagne d'alors, Anne Segalen.
Écrite juste après les événements de Mai 68, elle est née des réflexions sur l'inconstance de la politique du jeune artiste âgé de 25 ans, croisées aux observations de son parolier, un quadragénaire connu pour son sens critique de la société. Cette conjugaison de leurs talents donna une diatribe ironique sur les hommes politiques, ces « politicards » capables de changer de discours et d'idées pour garder leur pouvoir, selon leurs intérêts du moment, de préférence à l'approche d'élections.
La version de 1968 s'est vendue à plus de 50 000 exemplaires. Cinquante-cinq ans plus tard, si les hommes ont changé, le petit monde politique, lui, reste immuable dans ses revirements et ses traîtrises plus ou moins assumées.
La chanson corrosive et si réjouissante reste indémodable. Elle n'a pas pris une ride et résonne toujours avec la même acuité.