16 janvier 1979. Le Shah d’Iran Muhammad Reza Pahlavi, au pouvoir depuis 1941, héritier de la dynastie Pahlavi fondée par son père en 1925, part en exil. Le pays en proie à la révolution islamique accueille triomphalement ayatollah Khomeini. Mais qui était ce monarque contraint à l'exil, autoproclamé "Shahinshah" (roi des rois) à la manière des princes perses de l'Antiquité ? Voici son portrait réalisé en 1980.
Portrait du shah, 1980
En 1959, le roi reçoit le magazine français « Cinq colonnes à la Une » dans ses appartements et se livre en toute intimité.
Portrait du Shah par 5 colonnes à la une, 1959
Un règne contesté
Le régime du souverain Pahlavi est autoritaire. Soutenu par une redoutable police politique (la Savak) à l’intérieur et par les États-Unis à l’extérieur, le shah réprime implacablement toute opposition.
Le Shah aux Etats-Unis en 1949
Au cours de son règne, Muhammad Reza Pahlavi s’enrichit considérablement en bénéficiant des royalties que lui versent les compagnies occidentales qui gèrent l'extraction du pétrole.
Soutien politique des USA, 1978
Sa gestion du pays pousse à une industrialisation rapide qui fragilise la société et ne profite qu'à une partie de la population iranienne. Une bourgeoisie d'affaires aux exigences politiques et économiques croissantes entre en lutte avec une opposition populaire et religieuse chiite.
Le Shah en visite à Paris, 1961
Un opposant charismatique
Le principal opposant du régime est en exil depuis 1964 pour avoir dénoncé et critiqué la gouvernance pro-américaine du Shah : Rouhollah Khomeiny. Après 14 ans passés en Irak, il s’installe en France en 1978. Le mollah y cultive son image de sage éclairé et prépare sa révolution depuis le village bucolique de Neauphle-le-Château, en Ile-de-France.
L’Ayatollah Khomeiny à Neauphle, 10 octobre 1978
Son éloignement radicalise son discours. Son vœu : remplacer la « dictature shahienne » par une « république islamique ». Le religieux lance des appels à la révolte depuis la France.
20H00, l’Ayatollah Khomeiny 6 novembre 1978
L’Iran s’enflamme
La propagande, menée par l'Ayatollah Khomeiny reçoit un écho favorable dans une société iranienne brimée. En décembre 1978, la situation devient insurrectionnelle. Une partie de la famille royale rejoint les USA. La production de pétrole stoppe. Le couvre-feu est instauré et l’armée tire désormais sans somation.
Aggravation de la situation en Iran, décembre 1978
Une grève générale paralyse tout le pays. De gigantesques manifestations appellent au départ du Shah.
La crise Iranienne, 16 janvier 1979
Les Américains, par la voix de leur secrétaire d’état Cyrius Vance lui conseille de « prendre des vacances ».
Rumeur de départ, 12 janvier 1979
L’exil du Shah
Le 16 janvier, coup de tonnerre : le roi s’enfuit vers l’Égypte.
Le Shah à Assouan, 17 janvier 1979
Anouar El Sadate l’accueille à Assouan. Les images de liesse égyptienne contrastent avec la frénésie iranienne.
Accueil en Egypte, 19 janvier 1979
Le Premier ministre Chapour Bakhtiar assure l’intérim à Téhéran pour éviter le vide politique. Tandis que le monarque quitte son pays les larmes aux yeux, la foule exulte.
Annonce départ du Shah, 16 janvier 1979
Téhéran est prise de frénésie. Les images des journalistes sont terrifiantes (foule délirante, mise à sac, combats de rues).
Ambiance à Téhéran, 16 janvier 1979
Le 22 janvier, le Shah s’envole pour le Maroc avant d’être accueilli à reculons par les États-Unis
Étapes de son exil, 24 mars 1980
En 2003, l’épouse du souverain déchu, Farah Pahlavi, revient sur ces heures tragiques.
Farah Palahvi, 2003 (audio)
Le règne de la confusion
Plus de trois millions de personnes défilent dans les rues pour réclamer le départ de Chapour Bakhtiar et l’instauration d’une république islamique aux cris de « mort au Shah », « Retour de Khomeiny ».
Manifestation de masse, 19 janvier 1979
La situation est explosive. Plusieurs camps s’affrontent : la gauche marxiste qui refuse de tomber dans une dictature religieuse, les millions de sympathisants islamiques enfin, l’armée restée fidèle au Premier ministre. Une campagne de discrédit salit la famille impériale. Son retour est désormais impossible. Le coup d’état menace.
Situation critique, 21 janvier 1979
Le 1er février, l'Ayatollah Khomeiny rentre après quinze ans d’exil. Il est accueilli triomphalement. Une véritable marée humaine l’accompagne depuis l’aéroport.
Retour triomphal, 1er février 1979
Naissance d’une République islamique
Le leader religieux ne perd pas de temps. Son objectif est clair : instaurer une république islamique nationaliste, anticapitaliste, antisioniste et anti-impérialiste, inspirée de la charia (la loi islamique).
Le 12 février, un coup d’état balaye Chapour Bakhtiar qui s’enfuit. Deux jours d'insurrection suivent la victoire de l'Ayatollah.
Coup d’état, 12 février 1979
Dans les rues, des chars paradent, des manifestants armés investissent les ministères et jettent tout ce qui symbolise les instruments du pouvoir déchu.
La purge iranienne, 12 février 1979
Khomeiny s'affirme dès lors comme le dirigeant du pays et prend le titre de « chef spirituel suprême ». Il confie la direction d'un gouvernement provisoire à Mehdi Bazargan et organise un référendum.
Mehdi Bazargan, 30 mars 1979
La République islamique est instituée par référendum les 30 et 31 mars 1979, la Constitution est adoptée le 2 décembre suivant.
La nouvelle constitution, 2 décembre 1979
Affaibli et brisé par son exil, un cancer emporte le Shah d’Iran le 27 juillet 1981.
La mort du Shah, 1981
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