Août 1953. Alors que les Français s'apprêtaient à partir en vacances, le gouvernement avait voulu faire passer en douce plusieurs mesures impopulaires. Et notamment l'âge de la retraite de 65 à 67 ans pour les fonctionnaires.
La réaction fut immédiate, comme le rapportaient les Actualités françaises : « L’annonce des décrets d’économie agitait déjà le secteur public : les postiers fermaient les guichets, à leur exemple, les services de voiries se mettaient en grève laissant en quelques jours la rue aux poubelles et les cheminots à leur tour fermaient leurs gares. Aux pauvres gens en vacances la campagne et la mer devenaient soudain inaccessibles. »
Réquisitions et cars de vacanciers
C’est toute la France qui débraya : 4 millions de grévistes. Postiers, cheminots et même vignerons. « Dans les régions viticoles, les vignerons mécontents rééditaient les manifestations de la semaine précédente. Leurs barricades coupaient les routes. La plupart des touristes avaient, en prévision, détourné leur itinéraire. »
Le gouvernement réquisitionna de la main d'œuvre mais, aussi des cars de l’armée pour les Français qui veulent partir en vacances. Et le président du conseil, Joseph Laniel, lançait un appel au pays à la radio : « Face à la grève qui cherche à paralyser tout, je réponds donc catégoriquement : "NON, je dis NON à la grève" »
Mais les blocages continuaient dans les transports : « En France deuxième semaine de grève tandis que les gare autobus restaient déserte on a vu l’autostop devenir le sport quotidien des Parisiens. » Ou encore à la Poste : « On a vu encore l’ingéniosité ne perdant pas ses droits acheminer commande par pigeon voyageur. » Après 16 jours de grève générale, le gouvernement abandonna sa réforme des retraites.