Ce montage d'archives en tête de cet article décrit la montée de l'exaspération de celle que l'on qualifie de "France invisible". Chômage, exclusion, pouvoir d’achat, désert médical, disparition des services publics. Une rancoeur qui monte depuis 50 ans et qui frappe les classes populaires et moyennes. Un sentiment d'abandon qui allait donner naissance au terreau de la crise des gilets jaunes qui débuta le 17 novembre 2018, illustré dans ce florilège de paroles au fil des décennies.
1991 : "C’est la banlieue, ça dit ce que ça veut dire. La mise au ban".
1980 : "A l’Assemblée nationale, nous sommes dirigés par des technocrates".
1980 : "Qui est députés ? Des avocats, des médecins, des pharmaciens, c'est pas eux qui savent ce qui se passe dans les entreprises".
Christophe Guilluy en 2005. L'auteur de l'ouvrage "La France périphérique", qui établit le lien entre la montée du Front National et la disparition des services publics à propos des classes populaires : "Elles ne sont plus représentées politiquement ou médiatiquement, elles n’existent plus culturellement".
1971 : "Pour aller au travail, je me lève à 5h30, je quitte la maison à 6 heures. 10 min pour aller au bus, un quart d’heure pour aller au métro. Le soir, le bus qui marche pas bien. Faut attendre".
1974 : "Vous prenez votre voiture pour aller travailler ? Oui. Vous n’avez pas de transport en commun ? Absolument pas. Ca ne vous fait rien de dépenser de l’argent pour l’essence ? Ce n’est pas très plaisant".
2014 : "Il n'y a pas de commerces, il n'y a plus d'écoles. Qu'est-ce que vous voulez faire ? Quand vous sortez il n'y a rien. C'est le vide !"
2015 : "Quand on est malade, rouler ce n'est pas évident. Mais bon, c'est le problème de ne plus avoir de médecin".
2004 : "On est un peu abandonné. On voit bien qu’on ne s’occupe pas des campagnes. Il n'y a que les villes qui comptent".
2014 : “Quand vous subissez des chocs de service public à répétition, c’est préjudiciable pour l’activité, pour le moral et pour les finances de la commune".
2014 : Eric Houllez, maire de Lure, estime que "la France périphérique est délaissée, se sent méprisée par les pouvoirs publics, aujourd’hui, trop c’est trop.”