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Le French Cancan : la danse féministe qui a libéré le corps des femmes au XIXe siècle

Le French Cancan : la danse féministe qui a libéré le corps des femmes au XIXe siècle

Ce vendredi 5 juillet, le Moulin rouge inaugure ses nouvelles ailes, les anciennes étant tombées le 25 avril dernier. Au programme des danseuses de French Cancan. Emblème de ce cabaret parisien, la célèbre danse festive est devenue le symbole de Paris. En 1991, la troupe dansait un cancan endiablé dans l'émission «Double jeu».

 

Par Florence Dartois - Publié le 29.04.2019 - Mis à jour le 05.07.2024
Cancan des Folies Bergères - 1991 - 02:29 - vidéo
 

L'ACTU.

Le Moulin rouge, le célèbre cabaret parisien, retrouve des ailes flambant neuves. Les anciennes étaient tombées une nuit d'avril 2024, sans qu'on sache bien pourquoi. Ces nouvelles pales, en acier et aluminium, pèsent chacune 110 kilos et respectent l'esthétique d'origine. L'installation a été réalisée derrière une bâche le 1er juillet et l'inauguration se déroule le vendredi 5 juillet.

Le cabaret a prévu une inauguration digne de ses spectacles si prisés des touristes, avec happenings, sons et lumières. La fête débutera à 23 h devant le Moulin rouge. Au programme, le célèbre French Cancan, qui enflamme les nuits parisiennes depuis plus de 150 ans.

L'ARCHIVE.

L'archive disponible en tête d'article nous donne un bon aperçu de cette danse transgressive du XIXe siècle. Il s'agit d'une représentation de la troupe des Folies Bergères, avec froufrous et grands écarts comme il se doit. Un numéro enlevé diffusé dans l'émission « Double jeu » de Thierry Ardisson le 28 décembre 1991.

Cette danse, qui serait née aux alentours de 1820, d'abord appelée le « Coin-coin », se pratiquait, au départ, par paire de couples mixtes, avec cinq figures précises dans les bals parisien. Si l’on parle de transgression, c'est parce que lorsque les femmes décidèrent de s'en emparer seules, elle fut interdite.

En effet, les femmes de Paris, couturières, lavandières de Montmartre, revendiquèrent leur liberté de la danser seules, de montrer leurs jambes, de faire du bruit en criant et en tapant leurs talons sur le sol. Elle fut jugée trop suggestive, à une époque où la gent féminine portait, sous ses robes, une foule de jupons et des culottes fendues.

Un message politique féministe

Mais derrière cette danse se cachait aussi un message politique, autre motif d'interdiction. Les figures transgressives du cancan, identiques à celles d'aujourd'hui, auraient été inventées sur les barricades révolutionnaires des Trois glorieuses (Journées révolutionnaires des 27, 28 et 29 juillet 1830 qui renversèrent Charles X et mirent fin à la Restauration).

Les femmes du peuple auraient choisi cette danse pour symboliser leur rébellion contre le pouvoir en place. Ainsi, pour se moquer du clergé, elles reproduisirent le toit d'une église (la figure où elles mettent leurs jambes face à face), figure aussi appelée la « cathédrale ». Quant au « coup de cul » (le moment où les danseuses montrent leurs culottes en soulevant leurs jupes) aurait été leur manière de narguer le gouvernement.

Lever la jambe, la robe et les jupons était par conséquent plus qu'indécent, voire considéré comme érotique. Pourtant, cette danse très technique, rapide rythmée de cris indissociables de la chorégraphie a lancé un véritable mouvement d'émancipation pour les femmes, libérant leur corps.

La danse des cabarets parisiens

La danse va rejoindre les scènes des cabarets parisiens dans la seconde moitié du XIXe siècle. Grâce à un compositeur. En 1858, Jacques Offenbach compose son fameux Galop infernal, inspiré des « chahut-cancans » des années 1820-30. C'est finalement Céleste Mogador, vedette du bal Mabille, qui en 1850, lança la mode du Cancan. Une chorégraphie d'environ huit minutes où s’enchaînent, sur une musique au rythme endiablé, toute une série de figures acrobatiques nécessitant équilibre et souplesse. Le tout agrémenté d'un fatras de jupons affriolants.

Le producteur anglais Charles Morton créa, quant à lui, le ballet tel qu'on le danse toujours aujourd'hui : le French Cancan, censé illustrer la liberté sexuelle française sur des airs enjoués dont le célèbre Galop infernal d'Orphée aux Enfers de Jacques Offenbach.

En 1889, le Moulin Rouge fut spécifiquement créé pour le French cancan dansé entre « chahuteuses », avec l'optique qu'il devienne le « temple de la danse et de la femme ». Depuis, le French Cancan est devenu aussi célèbre que la Tour Eiffel et s'est imposé comme un emblème de Paris. Très sportive et complexe, cette danse ne s'apprend que dans les cabarets parisiens et continue de réjouir les spectateurs qui se rendent dans les music-halls de la capitale.

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