Le talent vous tombe dessus sans prévenir, même lorsqu'on est un petit Normand timide. François Morel est né à Flers le 10 juin 1959. Il grandit dans le petit bourg de Saint-Georges-des-Groseilliers, 3 000 habitants, dans l’Orne. Un papa employé SNCF et militant CGT, une maman dactylo… un grand frère, une grande sœur et beaucoup de rêves c'est sûr ! Car, il s'ennuie beaucoup le petit François qui poursuit ses études au collège chez les curés où il découvre non pas Dieu mais son antidote…. Georges Brassens. Le Sétois et sa verve lui ont-t-ils donné le goût des mots et de la poésie? En tout cas, c'est sûr, les mots deviendront sa raison de vivre. Pour les côtoyer de près, rien de mieux que de devenir comédien.
Après une fac de lettres à Caen, direction Paris et l’école de théâtre de la rue Blanche.
Voici des images rares de la première pièce de théâtre dans la quelle apparaît le jeune comédien. Une pièce de boulevard à succès Les Dégourdis de la 11ème, avec Darry Cowl et Robert Hirsch.
Vient la rencontre avec Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff qui donnera naissance à une décennie de créativité effrontée avec les Deschiens et la naissance de son personnage aux cheveux gras et aux pulls moches improbables : monsieur Morel. La France d'en bas débarque sur Canal +. Beaucoup de dérision, d'espièglerie et de satire bien dosée. Son credo : chahuter, caricaturer mais sans blesser.
Retrouvailles sur le plateau de Le jour en France, avec Jérôme Deschamps, où l'on découvre que le "timide" François Morel aimait "persécuter ses camarades"…
A la cinquantaine, François Morel rejoint un autre barnum, celui des ondes. A partir de 2001, à la radio, sur France Inter, il devient chroniqueur. Il aiguise ses diatribes fantaisistes chez Stéphane Berne qui admet ici "être béat" devant l'humoriste...
A partir de 2009, à 7H54, il dégaine ses traits poétiques dans la matinale. Voici sa première chronique sur l'univers impitoyable des médias et la valse des postes.
Au fil des années, nu ou habillé, grimé ou mal rasé, l'humoriste égrène les perles sonores de son monde rêvé ou abhorré. Les sujets se succèdent, à la manière d'un inventaire à la Prévert : la gentillesse, le soutien aux danseuses du Crazy Horse (il fait sa chronique nu !), dans la peau de Molière.
Quand François Hollande prive ses ministres de portables, le risible devient un drame loufoque...
Les déguisements il adore... même à la radio, ses transformations ne passent pas inaperçues ! Le voilà en punk, en Marine Le Pen avec Sophia Aram, ou plus provoquant encore, dans ce sketch "daeshciens" avec la complicité de Thomas Legrand.
La recette Morel c'est un cocktail doux-amer qu'on boit avec délice, un peu comédien, un peu humoriste, un peu chroniqueur radio, un peu chanteur, un peu écrivain…
Il invente un genre nouveau : la chanson théâtre, comme pour son spectacle de 2006, mis en scène par Jean-Michel Ribes : "C'est un acteur absolument formidable qui a des possibilités infinies". Quant à l'intéressé, il confirme : "Quand j'étais petit je ne savais pas si je voulais être chanteur, comédien, fantaisiste, rigolo, taper sur tambour ? Etre sur scène et attirer l'attention…"
Ses mots enchantent notre quotidien et teintent le pessimisme ambiant de perles de bonheur.
Pour aller plus loin
Une scène des Les Dégourdis de la 11ème : l'entrée des dégourdis.
D'autres billets de François Morel sur France Inter.