Le 14 juin 1988, deux jours après le second tour des élections législatives, François Mitterrand, le président tout nouvellement réélu, s'exprime devant les Français pour annoncer la victoire relative de son camp.
Pour bien comprendre ce qu'il s'est alors joué, à la fois la fin de la première cohabitation, et l'installation de la première majorité relative à l'Assemblée nationale, il faut revenir à l'élection présidentielle du 8 mai 1988, qui voit la réélection de François Mitterrand pour un deuxième septennat, avec 54,02% des suffrages, contre Jacques Chirac, leader du RPR, avec 45,98% des suffrages. Surtout, Jacques Chirac est alors Premier ministre, le premier chef de gouvernement de cohabitation, la droite ayant remporté les élections législatives de 1986.
La victoire de François Mitterrand à la présidentielle lui permet de dissoudre l'Assemblée élue en 1986 afin de pouvoir reprendre la main avec un gouvernement de son propre camp socialiste.
«Certes, il eut été préférable d’atteindre la majorité absolue des députés»
Les élections législatives, menées pour le PS par Lionel Jospin, donnent, au soir du second tour, le 12 juin 1988, 48,67% des voix pour la gauche, et 275 députés, contre 46, 85% pour la droite emmenée par Jacques Chirac. Le PS remporte les élections, mais pas la majorité absolue ; elle doit se contenter, pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, de la majorité relative.
C'est le sens de l'intervention du président de la République à la télévision, le 14 juin, lorsqu'il déclare se satisfaire de la majorité relative : « M’avez-vous donné ce moyen que j’attendais de vous ? À cette question, je réponds oui. Certes, il eut été préférable d’atteindre la majorité absolue des députés. Il s’en est fallu de 13 sièges sur 575, à l’heure où je m’exprime. Mais, même relative, la majorité parlementaire existe. Elle est forte. Elle est cohérente, elle durera. La situation parlementaire chez nous est désormais comparable à celle de la plupart des démocraties européennes, où le même type de problème se pose. Je pense entre autres à l’Allemagne fédérale, à la Suède, ou à la Hollande. Dira-t-on que ces pays marchent mal ? Alors qu’on les cite en exemple pour leurs multiples réussites ? Encore leur constitution n’accorde-t-elle pas au chef de l’État les pouvoirs qui sont les miens et qui font la force de nos institutions. »
Cette majorité relative, François Mitterrand va la confier à Michel Rocard, qui occupe le poste de Premier ministre. A l'Assemblée, le groupe socialiste, qui compte 258 députés auxquels s'ajoutent 17 apparentés (275 au total) doit pour voter les lois s'allier occasionnellement, soit aux communistes, soit à certains membres de l'opposition, parmi les centristes de l'Union du centre (UDC).
En 1993, après les gouvernements socialistes de Michel Rocard (jusqu'au 15 mai 1991), d’Édith Cresson (jusqu'au 2 avril 1992), et de Pierre Bérégovoy (jusqu'au 29 mars 1993), la droite gagne à nouveau les élections législatives, obligeant François Mitterrand, alors à la fin de son deuxième septennat, à nommer un nouveau Premier ministre de cohabitation, en la personne d’Édouard Balladur.