L'ACTU.
« Lorsque j’ai connu la désignation de six femmes à la Coupe du Monde, dont Stéphanie, pour moi, c’est un bonheur fou, car je me dis que les mentalités ont vraiment changé. » C’est historique ! Stéphanie Frappart est LA première arbitre centrale d’un match de Coupe du monde masculine.
Celle qui parle ici, c'est Nelly Viennot. Elle a été arbitre de football entre 1987 et 2007. Dans cette interview accordée à l'INA, elle a accepté de commenter cette avancée et revient sur ses débuts : « C’est une nouvelle étape ! Moi, je dirais que ça sera bien le jour où on dira une arbitre et un arbitre. On dira plus une arbitre féminine ! »
L'ARCHIVE COMMENTÉE.
Avant Stéphanie Frappart, Nelly Viennot fut l'une des pionnières du sifflet féminin. Le 23 avril 1996, à 34 ans, elle devenait la première femme à arbitrer un match de D1. C'était pour PSG-Martigues au Parc des Princes. Nelly Viennot était juge de touche. Elle avait appris sa nomination quelques jours avant. Une véritable surprise pour elle : « Je l’ai su par téléphone ! J’ai un journaliste qui m’appelle qui me dit : “On a une nouvelle de l’AFP, madame Viennot. Comment vous réagissez au fait que vous allez être la première femme arbitre au Parc des Princes ?” Et là, je dis “Non mais attendez, ça peut pas être moi. Vous faites une erreur. Moi je suis juste arbitre de Ligue 2. Vous faites une erreur. »
Des débuts sous pression
À deux heures du coup d’envoi, elle cherchait encore son chemin dans les couloirs du stade. Une archive que nous lui avons demandé de commenter : « On s’est échauffés dans le vestiaire parce que Gilles (l’arbitre) a pensé que c’était mieux d’éviter une pression des spectateurs inutiles. Et on avait assez d’espace dans le vestiaire pour s’échauffer, s’étirer et éviter les blessures. »
Suite à cette nomination, Nelly Viennot a dû faire face à des menaces de boycott de la part de certains présidents de clubs. Un fait qu'elle commente aujourd'hui avec philosophie : « Je ne me suis jamais préoccupée de ce que disaient les gens. Je sais qu’il y en a qui étaient contre, d’autres qui étaient pour. Chez les observateurs, c’était pareil (...) Donc on ne peut pas toujours être accepté de tout le monde et on sait qu’il y aura de la rivalité. »
Le jour j, à 20h00, elle entrait sur le terrain devant 45 000 spectateurs : « Au début, je n’ai pas vu le Parc. Parce que je m’étais dit : “Tu ne t'évades pas.” Je m’étais donné des directives. "Tu vas à ta place, tu vérifies les filets, mais tu ne regardes rien d’autre". Par contre, à la fin, j’ai savouré ce stade. Et c’est un des stades dans lequel j’ai préféré arbitrer. »
Nelly Viennot a poursuivi sa carrière jusqu’en 2007, comme juge de touche. 15 ans plus tard, en 2022, cette nouvelle étape pour l’arbitrage féminin avec la sélection de six femmes dans une compétition masculine représente un bonheur pour celle qui a ouvert la voie : « Pour moi, les portes étaient grandes ouvertes et c’est vrai que quelque part, je me dis qu’il y a du chemin de parcouru. Et aujourd’hui, voir ces femmes dans le championnat le plus exceptionnel au niveau football. Je suis hyper contente. »