L'ACTU.
Le 25 septembre 2024 est sorti dans les salles le film Emmanuelle, réalisé par Audrey Diwan, avec l'actrice Noémie Merlant. Il s'agit d'une nouvelle adaptation d'un roman érotique au titre éponyme, publié clandestinement en 1959 par Eric Losfeld et signé Emmanuelle Arsan (alias Marayat Andriane Bibidh).
Une histoire simple qui est entrée dans les annales de la littérature érotique : Emmanuelle, une jeune femme délaissée par son diplomate de mari à Bangkok, pour échapper à l'ennui, multiplie les expériences érotiques bisexuelles, jusqu'à s'éprendre d'une femme.
Il y a cinquante ans, en 1974, sortait au cinéma la première adaptation du livre. Réalisé par Just Jaeckin, le long métrage, tout d'abord identifié comme film porno, fut censuré et interdit de distribution.
Sylvia Kristel : "Ce n'est pas du tout un film porno"
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À propos de la censure du film : « Ce n'est pas un film porno et je ne comprends même pas pourquoi il est censuré ». Sylvia Kristel.
Après quelques semaines d'un battage médiatique, il sortait enfin en salles grand public. Personne n'imaginait alors le destin qu'allait connaître Emmanuelle.
Le film iconique de la libération sexuelle en France
Le long métrage aurait pu rester de l'ordre du projet ou disparaître, sans même rencontrer son public. Jugez plutôt : des producteurs frileux, un budget insignifiant, un réalisateur novice - photographe de profession - et une actrice inconnue, Sylvia Kristel. Et surtout, la censure, particulièrement efficace dans la France bien pensante de Pompidou.
Si Emmanuelle a pu échapper à la censure, c'est avant tout grâce au vent de modernité qui souffla sur le pays à l'arrivée au pouvoir de Valéry Giscard d'Estaing, un jeune président bien décidé à moderniser la société française.
Le film érotique sort finalement au cinéma, dans les salles traditionnelles, début juin 1974, tout de même interdit aux moins de 16 ans. Son affiche suggestive deviendra pour longtemps le symbole de l'érotisme chic : Sylvia Kristel, l'actrice principale, y apparaît nue, assise dans un fauteuil en rotin, sa nudité à peine dissimulée par un voile bleu pastel posé négligemment sur ses jambes.
En quelques semaines, le film Emmanuelle devient un succès, avec une affluence du public inédite. Le film va attirer des millions de spectateurs, plus de 9 millions en France au total. Le triomphe français se transforme rapidement en phénomène mondial. Preuve de l'engouement du public, il va être projeté dix ans sans interruption jusqu'en 1985 à Paris.
Si son succès phénoménal apporta une notoriété inédite à son actrice, il lança également la carrière d'un compositeur inconnu lui aussi. Un certain Pierre Bachelet, l'heureux auteur de La chanson d'Emmanuelle, emblématique de la BO du film.
L'ARCHIVE.
Pour les 20 ans de la sortie du long métrage, en 1994, l'auteur-compositeur, désormais très populaire, retrouvait son ami le réalisateur Just Jaeckin sur le plateau de « Vincent à l'heure », un divertissement présenté par Vincent Perrot. L'occasion pour eux d'évoquer leur amitié et leur aventure commune sur la préparation de ce film érotique que personne ne voulait produire. Dans l'archive à découvrir en tête d'article, Pierre Bachelet joue une version acoustique de sa chanson à la guitare devant son ami réalisateur.
Si Pierre Bachelet n'avait pas composé le thème du film Emmanuelle, il n'aurait sans doute jamais entamé une carrière de chanteur de variétés qui fut la sienne jusqu'à sa mort en 2005. En effet, diplômé de l'école nationale de photographie et de cinématographie, il se rêvait cinéaste, avant de se tourner vers la musique de films publicitaires et de génériques télévisuels.
Choisi par amitié par Just Jaeckin pour illustrer musicalement son film, l'artiste ne se doutait pas que la chanson, déclinée à l'envi dans la BO, lui apporterait une telle notoriété. Dans l'archive ci-dessous, extraite du même programme, les deux complices reviennent sur leur rencontre sur l'émission « Dim Dam Dom » pour laquelle Pierre était illustrateur sonore. Le début d'une longue complicité amicale et professionnelle.
Pierre Bachelet et Just Jaeckin sur leur collabroration au cinéma
1994 - 03:52 - vidéo
Par la suite, ils collaboreront sur d'autres films : Le Dernier Amant Romantique, L'Ile aux Sirènes et Gwendoline et Histoire d'O.
LA CHANSON.
« Mélodie d'amour chantait le cœur d'Emmanuelle
Qui bat cœur à corps perdu
Mélodie d'amour chantait le corps d'Emmanuelle
Qui vit corps à cœur déçu... »
La Chanson d'Emmanuelle (Emmanuelle song), avec son texte teinté de rêverie et de nostalgie, est la pièce maîtresse du disque de la B.O de 19 titres et thèmes musicaux. Ses paroles légèrement sensuelles font mouche dans le cœur des Français.
Dans ce 33-Tours, il interprète deux versions du titre. Une première, en français, soutenu par un piano-bar et par deux guitares acoustique et électrique. La seconde, en anglais, sans doute en prévision de l'internationalisation du film.
Le disque va se vendre à 1 400 000 d'exemplaires et le 45-Tours à 4 000 000 ! Une prouesse pour un chanteur inconnu du grand public.
Pierre Bachelet ne cessera jamais de composer pour le cinéma jusqu'en 1999, avec Les Enfants du Marais et en 2001 Un Crime au Paradis, deux films de Jean Becker.
Une autre version de La Chanson d'Emmanuelle
En avril 1998, Pierre Bachelet interprétait à nouveau le titre qui lui avait valu la gloire, cette fois dans l'émission de variétés « La chance aux chansons » de Pascal Sevran.
