Ces dernières semaines, les autorités multiplient les appels à économiser l'énergie ou l'eau, car les approvisionnements sont limités ou alors parce que la sécheresse sévit et que les réserves s'amenuisent. Ce type d'appels a déjà été lancé au milieu des années 1970.
Depuis la crise du pétrole débutée en 1974, l'époque était aux économies d'énergie. L'Etat incitait les Français à prendre eux-mêmes des mesures pour limiter leur consommation. Personne n'a oublié le slogan « En France, on n'a pas de pétrole mais on a des idées ». La télévision, le grand média de l'époque, ne manquait pas non plus d'idées, parfois originales, pour motiver les Français à faire des efforts. Roger Gicquel avait déjà tenté l’expérience en demandant aux Français d’éteindre les lumières chez eux.
Dans l'archive proposée en tête d'article nous sommes le 17 mars 1977, le présentateur vedette mène une expérience tout à fait étonnante. En direct, à la fin du journal, pour prouver que chacun est responsable de sa consommation, le présentateur vedette appelle les Français à éteindre leurs lampes. Depuis la crise du pétrole de 1974, l'époque est aux restrictions énergétiques. Après l'Etat, la télé se lance donc dans « la chasse au gaspi ». Dans le cadre de l'opération « TF1-économie d'énergie », Roger Gicquel demande, à son signal, d'éteindre toutes les lampes « inutiles » laissées habituellement allumées par négligence. Michel Chevalet se trouve lui, au même moment, en direct du dispatching central d'EDF. L'objectif est de mesurer en temps réel la consommation d'électricité des foyers et d'observer ce qui se passera quand les lampes s'éteindront.
Mesurer « La chasse au gaspi » en direct
Sur le plateau, le présentateur vedette montre l'exemple : « Un, deux, trois ! Éteignons les lumières qui ne sont pas indispensables. » A EDF, Michel Chevalet constate l'effet immédiat de cet appel. La consommation de watts chute sensiblement. Un cadran affiche la baisse de consommation, symbolisée par la variation d'une aiguille qui se stabilise à 175 000 kw, « l'équivalent de la consommation de Nice ou Nancy », précise-t-il. Il ajoute que l'équivalent d'une ampoule de 100 watts par foyer représente « l’énergie fournie par une centrale thermique ou 275 000 tonnes de fioul ». Expérience concluante !
Fort de ce succès, Roger Gicquel se prend à rêver que ce geste pourrait inspirer les collectivités, les communes, les entreprises à faire de même. A ses côtés, François de Closets précise que le plan d'économie d'énergie prévu par le gouvernement jusqu'en 1985, devrait permettre « d'économiser chaque année l'équivalent de 45 millions de tonnes de pétrole : c'est près de la moitié de notre consommation actuelle de pétrole ». Un grand plan qui devait passer par une transformation et une modernisation industrielle très coûteuse.
Pour aller plus loin
La séquence du journal de 20 heures en intégralité. (17 mars 1977)
Le président de la République, Georges Pompidou, appelle les Français à faire des économies d'énergie : « Avant de prendre des mesures, nous faisons appel à cette vertu traditionnelle, paraît-il des français, qui est l'esprit d'économie » (Décembre 1973)