L'ANNIVERSAIRE.
Emmanuelle Béart est née le 14 août 1963 à Gassin (Var), fille du célèbre auteur-compositeur et chanteur Guy Béart et de l'actrice Geneviève Galéa. Entourée de ses quatre frères et sœurs à Gassin, elle grandit éloignée du monde du spectacle. Elle aime à raconter que sa vocation d'actrice lui est venue en 1976 après avoir vu Romy Schneider dans le film Mado de Claude Sautet. En 1980, à 18 ans, elle s'envole pour le Canada pour parfaire son anglais. Elle y restera 4 ans. De retour en France, elle est rapidement repérée par le photographe de charme David Hamilton. Il va lui offrir son premier rôle au cinéma dans un film érotique Premiers désirs. L'année suivante, en 1985, sur le tournage de L'Amour en douce d'Édouard Molinaro, elle rencontre Daniel Auteuil qui deviendra plus tard son mari. Elle accède à la célébrité en 1986 en incarnant Manon des Sources dans le film de Claude Berri.
L'ARCHIVE.
C'est au moment de la sortie du film que se situe l'archive à découvrir en tête d'article. Le 24 octobre 1986, avant l'avant-première organisée à la Cinémathèque de Nice, le JT Côte d'Azur Actualités rencontrait les deux principaux interprètes Daniel Auteuil et Emmanuelle Béart du film tiré d'un roman de Marcel Pagnol, et les interrogeait à propos des personnages imaginés par l'écrivain provençal.
Manon des Sources était le second opus de la saga, après Jean de Florette, également réalisé par Claude Berri. Daniel Auteuil, qui jouait Ugolin, était déjà un familier de Pagnol comme il le confiait au journaliste. « Je pense que le fait que Pagnol et Giono aient été mes auteurs de chevet m'a beaucoup aidé pour entrer dans la vie d'un personnage de Pagnol, pour devenir un personnage de Pagnol. Mais ce n'était suffisant, il fallait faire une complète immersion dans ce personnage d'Ugolin et chaque fois, il est difficile pour un acteur de plonger comme ça intensément dans la peau d'un personnage. Ce n'était pas quelque chose d'aussi évident que ça », expliquait-il.
Pour Emmanuelle Béart, jeune comédienne dont c'était le premier grand film populaire, incarner Manon était un challenge d'envergure, mais cet univers pagnolesque, elle confiait bien le connaître : « Moi aussi, Pagnol et Giono ont aussi été mes livres de chevet à l'école. Et donc, c'est pareil, je connaissais bien cet univers-là. Et les collines, les arbres, les animaux, c'est tout ce que j'ai vécu quand j'étais petite. »
La comédienne expliquait ensuite qu'elle n'avait pas visionné le premier Manon des sources, avant le tournage : « J'avais besoin de laisser mon imagination travailler et je ne pouvais pas voir tout ce que j'avais imaginé vivre à travers quelqu'un d'autre ». Elle l'avait vu après : « Effectivement, je trouve qu'il n'y a aucune comparaison entre les deux films. Et même, en ce qui concerne, le personnage de Manon, nous sommes Jacqueline Pagnol et moi, deux Manon très différentes ».
Au service des personnages
Le journaliste leur demandait ensuite si ce n'était pas un pari difficile à gagner ?
Pour Daniel Auteuil, « le pari était de pouvoir tenir pour lui [Claude Berri] pendant neuf mois ». C'était un film à gros budget, une pression supplémentaire : « Je veux dire, de faire un film de onze milliards, de couvrir les frais d'un tel budget. Le pari était pour Berri. Nous, on était au service de Pagnol, au service d'une aventure et on avait le risque d'être bon ou mauvais dans un film. Mais c'est notre lot, c'est notre travail. Ce n'était pas un risque pour nous. On a eu la chance de faire un inédit comme Jean de Florette. C'était un inédit. Et la version que nous avons tournée de Manon des sources n'est pas le Manon du film de Pagnol. C'était le Manon des sources du livre, dix ans après avoir tourné ce film, Pagnol a complètement remodifié l'histoire », expliquait-il.
La rencontre avec Claude Berri
Dans « C'est encore mieux l'après-midi » en novembre 1986, Christophe Dechavanne recevait l'actrice pour évoquer le tournage des deux films de Claude Berri Jean de Florette et Manon des sources, qui a eu lieu simultanément pour profiter du rythme des saisons. Elle racontait notamment sa rencontre avec Claude Berri à un déjeuner des César et dressait le portrait de son personnage, « une petite boule de douleur ».
Elle évoquait aussi les autres acteurs, dont Yves Montand. Il était aussi question du budget de cette superproduction. Elle confiait qu'elle avait dû regarder le film trois fois avant de pouvoir se détacher de sa propre prestation.
Isabelle Biarnes de la SOFRES révélait que, pour la première fois, un metteur en scène avait fait appel au sondage pour la programmation d'un film. Le sondage avait révélé que 97 % des personnes interrogées sur Jean de Florette avaient déclaré avoir aimé le film et 95% avoir envie de voir Manon de sources.
Pour aller plus loin
Le journal FR3 Alpes Provence Méditerranée : les coulisses du tournage de Manon des sources à Mirabeau. Découverte des décors du film et réactions des habitants ravis des transformations incroyables de réalisme de leur village. (26 août 1985)
JT Montpellier : avant la sortie du film Manon des sources, interview d'Emmanuelle Béart. Emmanuelle Béart qui raconte la difficulté de tourner durant neuf mois et de se glisser dans la peau de Manon qui s'exprime peu et fait passer ses émotions par le regard. (05 novembre 1986)