L'ACTU.
Eric Ciotti, député de la première circonscription des Alpes-Maritime, a été élu président des Républicains. Il était le favori, axant sa campagne très à droite : la sécurité et l’immigration. Face à lui, deux autres candidats. Le député Aurélien Pradié et le sénateur Bruno Retailleau. La droitisation des LR, incarnée par Eric Ciotti, n'est pas nouvelle, c'est ce que montre le montage d'archives en tête d'article réalisé avant le résultat de l'élection du parti.
LES ARCHIVES.
Des ténors qui claquent la porte des Républicains, d’autres qui prennent leur distance. En cause notamment, un parti très, trop à droite, selon certains cadres. Cette tendance a débuté dès 1986, après l’élection des premiers députés frontistes. À l'époque, le score du Front national, c'était 35 députés, soit 9,65% des voix. La droite voulait reconquérir cet électorat et Charles Pasqua, alors ministre de l’Intérieur, s’illustrait avec l’affaire des « charters » : « nous avons pris la décision d’expulser un certain nombre de Maliens qui étaient en situation irrégulière en fonction des dispositions que nous donne la loi », déclarait-il en octobre 1986.
L’immigration est une thématique phare du FN fréquemment reprise par le RPR. En juin 1991, Jacques Chirac, à la tête du parti, faisait un discours sur les immigrés soi-disant « polygames » qui profiteraient des aides sociales. Il lançait une phrase choc restée célèbre : « Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur, eh bien, le travailleur français sur le palier, il devient fou. » Et ce courant de la droite de plus en plus dure allait continuer à progresser. En 1993, le RPR et l’UDF obtenaient la majorité à l’Assemblée nationale, et en 1997, une loi sur l’immigration était débattue suscitant la colère de l’opposition qui résumait cette ligne en trois mots : la « Lepénisation des esprits ».
Une droite décomplexée
Dix ans plus tard, en 2007, Nicolas Sarkozy succédait à Jacques Chirac à l’Élysée. Le nouveau président voulait aller encore plus loin que son prédécesseur, annonçant le 20 mai 2007 : « Je veux un ministère de l’immigration nationale et de l’identité nationale. » Un ministère controversé, au sein même de l’UMP, créé en 2007.
En 2012, Nicolas Sarkozy perdait la présidentielle. L’UMP, fracturée, devait impérativement se relever aux législatives et hésitait à s’allier au FN, comme le soulignait alors ouvertement le député Jean-Paul Garraud (2002-2012) : « On n’a pas à se pincer le nez lorsqu’on parle du Front National qui est un parti républicain, sinon il serait interdit. » Une dérive très à droite portée par d’autres cadres du parti, devenu « Les Républicains » en 2015. Par exemple, en 2018, des députés souhaitaient vouloir en finir avec le « délit de solidarité » envers les migrants. Eric Ciotti, député LR, s’insurgeait : « ce délit doit bien-sûr être maintenu ! Car si on le supprime, on va faciliter une fois de plus les filières de passeurs. »