L'ACTU.
C'était une mesure progressiste forte aux États-Unis : la Cour suprême américaine a mis fin à la discrimination positive favorisant la mixité à l'université. Cette mesure progressiste mise en place dans les années 1960 aux États-Unis permettait notamment de favoriser les inscriptions en premier cycle des étudiants issus de minorités ethniques. Une décision « prise par la majorité ultra-conservatrice de la Cour marque un spectaculaire retour en arrière qui risque de réduire sensiblement le nombre d'étudiants noirs, hispaniques ou d'autres minorités sur les campus » explique France 24.
Le chef d'État américain et démocrate Joe Biden s'est dit en « profond désaccord » avec cette décision tandis que l'ancien président républicain Donald Trump a parlé d'un « grand jour pour l'Amérique ».
LES ARCHIVES.
« Il s'agit de réserver des places dans l'enseignement supérieur ou dans le monde du travail aux minorités ou aux catégories défavorisées. » En 2005, au lendemain des violences urbaines dans les banlieues, provoquées par le mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, la classe politique française s'exprimait sur les « moyens de faire face » aux discriminations. Parmi les propositions, expliquait-on sur France 2, un système de discrimination positive, tel qu'il existe aux États-Unis. « Quel est là-bas, le bilan de la discrimination positive ? », s'interrogeait l’archive ci-dessus.
Le journaliste se rendait à l'université du Michigan, où « 15 % des étudiants sont noirs, latino-américains ou amérindiens ». Le résultat d'une « politique délibérée » et d'une « pratique volontariste » pour mieux intégrer les minorités comme le décrivait Julia Perteson : « Nous cherchons à avoir des effectifs diversifiés. Nous prenons en compte le facteur racial. Il est donc possible que dans certaines circonstances les étudiants noirs soient favorisés, tout simplement parce que nous n'avons pas beaucoup d’étudiants noirs. »
L'archive revenait sur l'histoire de ce système de discrimination positive. Selon le récit du journaliste, elle avait été mise en place et décrétée par le président Lyndon B. Johnson en 1965 : « Le pays prenait alors conscience, dans la violence des manifestations du fléau du racisme. Pour en sortir, le gouvernement fédéral a donc pris des mesures incitant universités, entreprises et services publics à favoriser délibérément des étudiants ou employés noirs. Au fil des années, on est passé d'un système de quotas, trop rigide, à une pratique subjective et non quantifiable de préférence des minorités. »
« Je ne saurais jamais si j'ai bénéficié de la discrimination positive », expliquait une étudiante en sciences politiques, au journaliste français qui ne semblait pas convaincu par le dispositif. Et d'ajouter : « Quand vous arrivez à l'université personne ne vous dit "Vous vous êtes là grâce à ce système." C'est quelque chose de très négatif à dire à un étudiant. » Pour autant, insistait le reportage, les étudiants blancs « même s'ils restent très majoritaires » se sentaient « victimes du système ». Un étudiant en musique expliquait : « Vue la façon dont c'est pratiqué aujourd'hui, je crois que pour les étudiants blancs, c'est injuste. »
«Maintenant, il y a une diversité bien meilleure»
Thomas Weisskopf, un professeur d'économie de l'université, prenait un peu de recul : « On voit la différence parmi les gens qui occupent les postes les plus élevés dans notre société. Il y avait très très peu de noirs, il y a 30 ou 40 ans, ils étaient très peu représentés. Maintenant, il y a une diversité bien meilleure. Je crois que c'est une des raisons pour lesquelles on n'a pas vu aux États-Unis des émeutes comme dans les années 1960 et qu'on commence à voir en France maintenant. »
Conclusion du journaliste sur la discrimination positive : « Elle est pourtant aujourd'hui de plus en plus contestée ». Jusqu'à la Cour suprême qui a donc donné raison près de 20 ans plus tard en retirant le dispositif, fin juin 2023.