Le 13 mars 1954 commençait la bataille de Diên Biên Phu, aux confins du Nord Vietnam. Les forces du général de Castries tombent deux mois plus tard face à celles du général Giap. Les Français ont tenu 57 jours de combats durs et intenses. La défaite, au parfum héroïque, marque la fin définitive de la présence française en Indochine.
Pour mieux comprendre tout l’enjeu stratégique de cette défaite, un petit retour dans le temps s’impose.
En décembre 1953, lorsque les troupes françaises investissent la cuvette de Diên Biên Phu à la suite de « l’opération Castor », l’état-major du général Henri Navarre pense porter un coup d’arrêt aux incursions du Viêt-Minh, en le coupant de ses bases arrières du Laos, et en investissant la seule plaine nourricière des environs, empêchant ainsi le ravitaillement des combattants du Viêt-Minh.
Occuper le territoire ennemi
Pour ce faire, les Français choisissent donc la stratégie du camp retranché, ou camp « hérisson » : créer une enclave dans la jungle ou en territoire ennemi, occuper son territoire, fixer ses positions et contrôler à partir de ce camp retranché une large portion de son territoire.
Les Français s’installent donc à Diên Biên Phu sous les ordres du commandant de Castries et commencent à fortifier la plaine, en s’installant sur les hauteurs qui forment autant de promontoires destinés à couvrir la zone, et surveiller les montagnes alentours. Ces collines fortifiées sont nommées d’après des noms de femmes (Gabrielle, Béatrice, Anne-Marie…).
Une ancienne piste de l’armée japonaise est réaménagée, et l’aviation française peut donc ravitailler l’armée et transporter canons, tanks et matériels.
Durant les deux premiers mois de l’année 1954, les Français, retranchés dans leur nouvelle base de Diên Biên Phu, sont confiants. L’État-major et les renseignements jugent impensable que les forces Viêt-Minh puissent transporter assez d’hommes et d’artillerie lourde pour menacer sérieusement leurs positions.
Le Viêt-Minh lance l'attaque sur Diên Biên Phu
Finalement, l’attaque Viêt-Minh survient le 13 mars. La colline Béatrice, la plus éloignée du dispositif français, est attaquée et subit un lourd tir d’artillerie, qui démontre aux Français ahuris à quel point ils ont sous-estimé la préparation et la détermination des forces nord vietnamiennes.
Le Viêt-Minh a réussi, contre toute attente, l’exploit de faire parvenir à travers la forêt des canons de 105 mm, qui vont s’avérer catastrophiques tout au long de la bataille pour les Français. Ces derniers se rendent compte qu’ils sont désormais assiégés.
Une autre attaque survient le 14 mars, contre le poste Gabrielle. Après de lourdes pertes des deux côtés, les Français se résignent à abandonner ces deux premières positions.
Giap, commandant les forces Viêt-Minh, décide de temporiser et d’opter pour une tactique moins frontale et moins coûteuse en hommes.
De ses positions cachées dans la forêt, il pilonne les retranchements français, bien visibles, et surtout la piste d’atterrissage, qui devient impraticable à la fin du mois de mars.
Ce reportage des Actualités françaises du mois d'avril se veut rassurant. Mais en réalité, si des troupes et du matériel continuent à être parachutés sur Diên Biên Phu, c'est bien un aveu de faiblesse, car la piste étant inutilisable, les blessés français ne peuvent plus être exfiltrés du champ de bataille.
Les conditions sanitaires sont en réalité épouvantables, et durant le mois d'avril les combats continuent. Les Français perdent de plus en plus de positions, si bien que lors des parachutages de nombreuses marchandises tombent dans les lignes ennemies.
Fin avril, la situation se dégrade dans le camp français
« En dépit des forces mises en jeu par les Viet, Diên Biên Phu résiste ». Ce reportage des Actualités françaises est résolument optimiste, alors que la situation continue à se dégrader.
Le 7 mai 1954 marquait la fin des hostilités et le début du retrait français d'Indochine.
Retour des blessés de Dien Bien Phu
1954 - 00:27 - vidéo