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1964 : De Gaulle, la Constitution et les partis «divisés et impuissants»

1964 : De Gaulle, la Constitution et les partis «divisés et impuissants»

Le 31 janvier 1964, le président Charles de Gaulle donnait une conférence de presse à l’Élysée. L’occasion pour lui de défendre le bilan des institutions qu’il avait mises en place cinq ans plus tôt et qui prévoient un pouvoir exécutif fort pour sortir le pays des «impasses démocratiques» générées par les partis.

Par Hugo Domenach - Publié le 05.07.2024
 

L'ACTU.

À la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron le 9 juin 2024, le résultat des élections législatives pourrait rendre obligatoire une coalition réunissant les écologistes, une partie de la gauche, Ensemble et LR.

L'ARCHIVE.

Que dirait le général de Gaulle de la situation politique actuelle ? S’il est impossible de le dire, la réponse pourrait bien se trouver énoncée dans cette archive issue d’une conférence de presse donnée à l’Élysée en janvier 1964. Dans cette archive disponible en tête d'article, il y dresse le bilan de cinq ans d’exercice d’un pouvoir basé sur une Constitution qu’il a lui-même fait adopter.

Et face à un parti nationaliste qui se trouve en bonne position pour obtenir une majorité relative, voire absolue à l’Assemblée dimanche 7 juillet, il n'est pas certain qu’il aurait misé sur la possibilité d’une entente entre partis aussi différents que les socialistes, les centristes et la droite pour le contrer.

Car c’est justement de leur impossibilité à s’entendre que sa Ve République tire toute sa substance. Et, qu’il a mis en place un pouvoir présidentiel aussi fort, dont la légitimité découle directement du peuple souverain.

Pour le justifier, face à ceux qui réclament un changement de système, il compare notre système à la démocratie américaine où le Président est élu de manière indirecte par de grands électeurs. « Un tel système ne pourrait convenir à la nation française fortement centralisée par l’effort des siècles, qui a connu toutes les secousses extérieures et intérieures depuis sept générations, qui est exposé à en rencontrer d’autres et où les partis, qui sont multiples, se trouvent, excepté celui qui pousse au bouleversement, divisés et impuissants. »

Et le général de Gaulle sait de quoi il parle. Car son retour au pouvoir en 1958 et la mise en place des nouvelles institutions de la Ve République se déroulent dans un contexte d’impuissance du Parlement de la IVe République et donc des partis de mettre en place un gouvernement durable pour faire face à un potentiel soulèvement des militaires d’Alger qui menace la cohésion nationale. Il imagine donc une nouvelle Constitution destinée à donner au Président une série d’importants pouvoirs comme celui de promulguer les lois, dissoudre l’Assemblée nationale ou encore de prendre les manettes du pays en cas de grave crise (Article 16).

« Il ne faut pas qu’il y ait de dyarchie au sommet »

Des pouvoirs qui, selon De Gaulle, ne pourraient échoir à un Premier ministre issu de la majorité parlementaire faute de créer « des impasses démocratiques » : « Dans notre pays, si le Président était aussi le Premier ministre, il ne pourrait pas recourir aux électeurs dans le cas d’une obstruction parlementaire sur le terrain législatif et budgétaire. Et, si le Parlement pouvait le renverser, on aboutirait à une opposition chronique entre les deux pouvoirs. Et il en résulterait la paralysie générale. »

Quid de la relation entre les deux têtes de l’exécutif ? Dans le cas où le Président et le Premier ministre seraient d’accord politiquement, De Gaulle ne fait pas grand cas d’un risque de concentration des pouvoirs entre leurs mains : « Naturellement, il ne faut pas qu’il y ait de dyarchie (le pouvoir entre les mains de deux personnes, ndlr) au sommet. Mais il n’y en a pas. » Tout simplement.

En cas de mésentente, il ne semble pas non plus faire grand cas des états d’âme du Premier ministre : « Les conseils et les entretiens sont là pour permettre au chef de l’État de définir l’orientation de la politique nationale », explique-t-il comme si cela allait de soi. Il n’avait probablement pas prévu la possibilité d'une cohabitation entre un Emmanuel Macron et un Premier ministre issu du Rassemblement national.

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