L'ACTU.
Le 5 octobre, le gestionnaire du réseau d’électricité, Enedis, a annoncé qu'à compter du 15 octobre, il pourrait suspendre l'alimentation de certains appareils énergivores, pour l'essentiel les ballons d'eau chaude. Un arrêté publié le 22 septembre au Journal officiel permet à RTE et Enedis de déplacer temporairement cette consommation sur la période des heures creuses méridienne, entre 11 h et 15 h30, en cas de pic de consommation d'électricité, aux heures creuses nocturnes. Une mesure mise en place pour une durée de six mois, jusqu'au 15 avril. Cette action est rendue possible grâce au compteur intelligent Linky, capable de déconnecter à distance le signal d'enclenchement automatique de certains objets électriques, comme les cumulus. L'action du compteur Linky ne privera pas les Français d'eau chaude. En effet, les cumulus sont conçus pour chauffer l'eau en heures creuses, généralement la nuit, pour la mettre à disposition tout au long de la journée, en fonction de la capacité du chauffe-eau.
L'ARCHIVE.
Chauffer l’eau et la garder à disposition n'a longtemps été qu'un rêve, un rêve devenu réalité à la fin des années 1950, avec le développement des chauffe-eaux électriques (ou au gaz). A l'époque, cette innovation était présentée comme économique et pratique. La démocratisation des chauffe-eaux et chauffe-bains dans les foyers a représenté une véritable révolution, et une amélioration du confort et de la sécurité. C’est ce que montre très bien le reportage en tête d’article, extrait du magazine télévisé préféré des ménagères dans les années 50-60, le bien nommé « Magazine Féminin ».
Chaque nouveauté des « Arts ménagers » capable de simplifier la vie des femmes était immédiatement relayée dans ce rendez-vous quotidien qu’aucune « ménagère », comme on les nommait alors, n’aurait raté. Entre conseils mode et tutos couture, ce 29 janvier 1959, grâce à Cécile Ibane, les téléspectatrices allaient découvrir l'innovation qui allait changer leur vie… Et la nôtre encore aujourd'hui : le chauffe-eau électrique à accumulation.
Le début du sujet, illustré d'images de cours d’eaux, d'un barrage et d'une centrale électrique, décrit par Cécile Ibane avec son inégalable talent de commentatrice, d’« imbroglio de béton de fer » ou d’« image un peu barbare », était destiné à expliquer aux femmes que leur confort serait bientôt augmenté grâce à l’électricité. En particulier à sa capacité à faire fonctionner de nouveaux équipements ménagers : les cumulus. Ils permettraient de fournir de l’eau chaude, à la cuisine et dans les salles de bains, mais surtout de contrôler la température souhaitée. Ils sonneraient le glas des bouilloires sifflotantes sur les poêles à charbon et des casseroles bouillonnant interminablement sur les gazinières, que Cécile Ibane qualifiait de « manipulations dangereuses ».
Montrés dans leur différentes tailles à l’écran, les chauffe-eaux, « coffre-fort à calories », permettaient de descendre « l’eau chaude » directement « au robinet ». Une révolution dont on a du mal aujourd’hui à mesurer le retentissement. Grâce à l’électricité par « accumulation », cette réserve de plusieurs centaines de litres d’eau chaude restait disponible en continu. Cécile Ibane y voyait quant à elle un avantage particulier, celui de permettre à la ménagère de se faire couler un bain « bien chaud », images à l’appui.
A l’époque, il n’était bien-sûr ni question d’économie d’eau ni d’énergie. Tel un slogan publicitaire, le reportage s’achevait sur une promesse alléchante : « Vous devez trouver le chauffe-eau qui correspond à vos désirs ».