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«Sans la liqueur, l'ordre des Chartreux ne peut pas vivre»

«Sans la liqueur, l'ordre des Chartreux ne peut pas vivre»

La production de la Chartreuse, liqueur célèbre et populaire, va être stabilisée. Ses producteurs, les moines de la Grande-Chartreuse en Isère ne souhaitent pas répondre à une demande en hausse et préfèrent se concentrer sur le reste de leurs activités. Retour sur des siècles de fabrication de cet alcool à la recette secrète.

Par Romane Sauvage - Publié le 24.04.2023
L'histoire de la Chartreuse - 1992 - 04:05 - vidéo
 

L'ACTU.

Les moines de la Grande Chartreuse, producteurs de la liqueur du même nom, ont annoncé limiter leur production. « Le "toujours plus" n'a pas de sens dans le monde dans lequel nous vivons », a expliqué Emmanuel Delafon, président de Chartreuse Diffusion à France Bleu. Un choix qui doit permettre d'équilibrer le quotidien du monastère, de garder une entreprise à taille humaine et de développer d'autres secteurs comme l'herboristerie. Les Chartreux étant détenteurs de la recette secrète de cette boisson fabriquée depuis plusieurs siècles, la décision a affolé le marché américain, où la demande dépasse l'offre, raconte Courrier international.

L'ARCHIVE.

Le massif de la Chartreuse, en Isère, renferme un vieux secret. Depuis trois siècles, des moines de l'ordre des Chartreux y fabriquent un alcool vert pâle dont eux seuls ont la recette. « La liqueur de Chartreuse est une liqueur est faite à base de 130 plantes », dévoilait Philippe Boyer, chargé des relations extérieures de la Chartreuse, dans l'archive de 1992 en tête d'article. La recette daterait de 1605, poursuivait-il au micro de France 3 Rhône-Alpes.

Selon la légende, « c'est un manuscrit qui a été donné par un maréchal d'Henri IV aux Chartreux de Paris et petit à petit, ils ont mis en œuvre ce secret, qui était extrêmement complexe et la première fabrication, c'est 1737, l’élixir végétal de la Grande-Chartreuse. C'est le produit phare ». La Chartreuse verte a été développée un peu plus tard. Depuis, sa production est restée secrète. « 130 plantes, c'est tout ce qu'on sait. Avec des opérations très complexes de macération, de distillation, de décoction, d'infusion », résumait Philippe Boyer. « Et tout ça est enfermé à double tour au monastère. » Seul trois moines connaissent la recette.

Là-bas, les moines broient les ingrédients, dans une « salle des plantes » et descendent ensuite du massif pour le reste de la production. « Les Chartreux viennent mettre en œuvre la distillation ici à Voiron. » Le produit dort pendant deux ans, puis, est laissé dans une cave de vieillissement entre 5 et 12 ans selon les liqueurs.

Produire la chartreuse, un travail très secret

Un savoir-faire nécessaire à la survie de l'ordre, en grande partie financé par sa production de liqueur. « Le monastère de la Grande-Chartreuse, c'est la maison mère des Chartreux qui a été fondée en 1084, détaillait Philippe Boyer. Il y en a trois qui viennent régulièrement ici pour travailler. Mais il faut comprendre que pour eux, c'est vraiment leur moyen de subsistance. Sans la liqueur, l'ordre des Chartreux ne peut pas vivre. »

« C'est un ordre qui est extrêmement contemplatif, c'est-à-dire qui donne vraiment sa vie à la prière. Un Chartreux c'est un homme qui va chercher dieu et la possibilité de la rencontrer dans la prière, la solitude et le silence. » Et de conclure : « Donc pour les Chartreux, c'est quand même une épreuve que de devoir descendre ici et de venir travailler et ils le font de manière très secrète, très silencieuse, on les voit presque pas, mais ils sont bien là. »

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