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Bruno Retailleau, du Puy du fou à la politique

Bruno Retailleau, du Puy du fou à la politique

Bruno Retailleau, jusque-là sénateur Les Républicains, a été nommé ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de Michel Barnier. Retour en archives sur le parcours du ligérien.

Par Romane Laignel Sauvage - Publié le 23.09.2024
 

L'ACTU.

« J’ai trois priorités : rétablir l’ordre, rétablir l’ordre, rétablir l’ordre. Je crois à l’ordre, comme condition de la liberté », a déclaré le nouveau ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau lors de la passation de pouvoir avec Gérald Darmanin le 23 septembre 2024. Un mot d'ordre qui donne le ton.

Jusque-là sénateur Les Républicains, Bruno Retailleau a commencé la politique dans les Pays de la Loire, comme proche collaborateur de Philippe de Villiers. Conservateur, il a régulièrement exprimé ses convictions sur les chaines de télévision locale au cours de ses différents mandats.

LES ARCHIVES.

« C'est l'homme de Philippe de Villiers ». En 1988, le jeune Bruno Retailleau obtenait son premier mandat et entrait au Conseil général de la Vendée. Il avait entamé sa carrière auprès du royaliste Philippe de Villiers, qui l'avait repéré à la fin des années 1970, alors qu'il était cavalier bénévole au parc du Puy du Fou. Après plusieurs années en tant que directeur général de la radio Alouette puis de l'école de communication Sciencescom, il se lançait en politique.

En pleine campagne, il dévoilait sa vision du mandat d'élu local à France 3 Nantes. « Le conseiller général doit avoir un véritable comportement de chef d'entreprise. Le conseil général, ce n'est plus une sinécure, ce n'est plus non plus, je pense, un poste honorifique, c'est un service. Une fois qu'on est élu, on doit se souvenir toujours, chaque matin en se levant, qu'on l'a été parce que des gens vous ont fait confiance. »

De la « société multiculturelle » à la « société multiconflictuelle »

En 1994, Bruno Retailleau devenait député après la démission de Philippe de Villiers, dont il était le suppléant à l'Assemblée. Un poste qu'il occupa jusqu'au retour de son mentor en 1997. Quelques semaines avant son départ, il était l'invité de «L'Hebdo», toujours sur France 3 Nantes. L'occasion de poser les bases de sa pensée sur l'immigration : « Je crois que c'est une menace parce que créer, c'est ce que beaucoup d'hommes politiques voudraient, créer une société multiculturelle avec la juxtaposition de blocs de populations, ce sera forcément une société multiconflictuelle. »

Et de déplorer, s'appuyant sur des arguments propres à la droite, ou à l'extrême droite : « Les gens qui viennent, et notamment l'immigration africaine, ce sont des gens qui n'ont pas la même culture que nous. Ce sont des gens qui viennent non pas pour être Français, mais souvent pour profiter des droits sociaux français. Donc le problème est que ces gens ne souhaitent pas s'assimiler. Ça ne peut pas marcher, ça ne peut pas marcher, ça, ça ne marche pas. On voit bien quand on parle du problème des banlieues. En fait, on dit banlieue pour ne pas dire immigration. »

Le nouveau ministre est ainsi un représentant de la « vraie droite réactionnaire », selon l'éditorialiste Christophe Barbier dans l'archive de 2017 ci-dessous. Après une rupture brutale avec Philippe de Villiers à la fin des années 2000, Bruno Retailleau s'était rapproché de l'UMP (aujourd'hui Les Républicains). « Un épisode douloureux, expliquait-on en commentaire de France 3 Nantes, duquel Bruno Retailleau sortira vainqueur en prenant l'Assemblée de Vendée, poussé par les conseillers généraux et par des patrons lassés des positions anti-européennes du vicomte. Il ne cache plus son appétit, entre au Sénat, prend la présidence du groupe Les Républicains, puis la région Pays de la Loire. Bruno Retailleau a imposé son style et ses idées. »

Portrait de Bruno Retailleau
2017 - 00:00 - vidéo

Ses collaborateurs dans Pays de la Loire parlaient d'un homme à la « capacité de travail immense », Christophe Barbier décrivait « une certaine forme de ténacité placide, sans énervement, sans volcanisme ». Un calme, qui lui permettait de bénéficier, disait la journaliste « d'une image plutôt consensuelle, sans pour autant cacher ses convictions ». Et d'énumérer : « C'est un catholique pratiquant qui a ferraillé contre le projet de loi Leonetti sur la fin de vie et contre le mariage pour tous. Il compte parmi ses conseillers Jean-Baptiste Doat, un proche de Guillaume Peltier, ancien du Front national et créateur du courant droite forte chez les Républicains. Dans sa majorité, il y a également trois élus de Sens commun le lobby ultraconservateur issu de la Manif pour tous, opposés au mariage homosexuel et à l'avortement. »

Une ligne politique que Christophe Barbier résumait : « Ce sont des réactionnaires assumés. Qui dit réactionnaire ne dit pas totalitaire. Il n'y aura pas de police dans la rue, on pourra être opposant, il n'y aura pas de problème de ce côté-là. Mais c'est une vraie droite réactionnaire qui veut enclencher la marche arrière parce qu'elle considère qu'on s'est trompés de direction à certains carrefours. » À l'époque, on lui prévoyait un poste de ministre si le candidat de la droite, François Fillon l'emportait à l'élection présidentielle de 2017. Il n'aura attendu que quelques années supplémentaires.

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