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Années 70, la gare d'Orsay abrite le théâtre le plus original de Paris

Années 70, la gare d'Orsay abrite le théâtre le plus original de Paris

Le musée d'Orsay va désormais porter le nom de l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing, à l'origine du projet. Avant de devenir un musée, la gare avait été pendant les années 1970 le coeur d'une étonnante expérience culturelle portée par Jean-Louis Barrault.

Par Cyrille Beyer - Publié le 23.01.2019 - Mis à jour le 29.03.2021
Destruction du Théâtre d'Orsay - 1980 - 04:01 - vidéo
 

En ce jour de décembre 1980, Jean-Louis Barrault a une excellente raison d’assister à la transformation de l'immense espace de l'ancienne gare d'Orsay, et d’en faire la visite à une équipe de télévision.

De 1972 à 1979, avec la complicité de son épouse et consoeur Madeleine Renaud, il a installé sa troupe de théâtre au cœur de ce bâtiment, faisant du théâtre d’Orsay l’un des espaces de création les plus populaires et les plus originaux de la capitale.

Au début de l'aventure, en 1972, c’est sous un chapiteau de cirque logé sous la grande voûte de la gare d’Orsay que la troupe Barrault-Renaud s’installe : « Nous avions commencé au fond de la gare sous un chapiteau du cirque Fanni, où l’on donnait Sous le vent des îles Baléares », se souvient le metteur en scène. Une installation originale pour un théâtre, fruit d'un accord passé avec la SNCF.

Photo prise en octobre 1972 : on aperçoit la première configuration du théâtre, sous le chapiteau du cirque Fanni, avec les trains de la gare en contrebas. Crédit INA

Après une première expérience d'une année sous ce chapiteau, la troupe prend possession au printemps 1973 d'un nouveau décor. Un espace de 2500 mètres carrés, démontable, fruit des nombreuses expériences itinérantes de la troupe, « une grande salle de 900 places avec une magnifique charpente », précise Jean-Louis Barrault.

A côté de la grande salle où se jouent principalement des pièces du répertoire classique ou populaire, Harold et Maud, Zarathoustra, Le soulier de satin, Zadig, Le nouveau monde de Villiers-de-l’Ile Adam, une autre salle, plus petite, de 180 places, est consacrée à des auteurs plus contemporains : Beckett, Sarraute, Duras.

Et pendant que ces représentations ont lieu, la gare, située au niveau inférieur, continue à accueillir ses trains. Heureusement pour la concentration des acteurs et le confort des spectateurs, un arrangement est trouvé entre le metteur en scène et le chef de gare. « Le chef de station était très gentil, j'étais allé le voir et on s'était arrangés pour ordonner le passage des trains sur des voies qui n'étaient pas sous le chapiteau, [...] alors comme ça nous n'étions pas gênés », se souvient avec nostalgie Jean-Louis Barrault.

En plus des deux salles, un troisième espace dévolu aux rencontres entre les artistes et les spectateurs permet « d'échanger, de faire connaissance [...], si bien que les gens ne viennent pas voir seulement une seule pièce, mais passer la soirée ».

L'ambiance est propice à l'improvisation et aux échanges, raconte le metteur en scène, invité par Philippe Bouvard dans l'émission « Samedi Soir », le 25 mai 1974 : « On parle par petits groupes, on fait connaissance, un soir on danse, un autre soir on invite des musiciens qui jouent du jazz, de la pop, [...] on improvise. Les gens sont très sensibles à cette chaleur humaine ».

L'expérience du théâtre d'Orsay attire chaque année près de 300 000 spectateurs, offrant certaines des plus importantes représentations scéniques parisiennes des années 1970.

En 1979 cependant, devant l'avancée du projet de nouveau musée du XIXe siècle, la troupe Barrault-Renaud se résout à quitter sa gare pour s'installer dans un nouveau foyer. Le théâtre du Rond Point les accueille en 1981, et l'aventure continue avec cette même scène démontable qui avait fait les grandes heures du théâtre d'Orsay.

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