Le 11 juillet 1962, les Actualités françaises présentaient un résumé de la première semaine de l'Algérie indépendante. Le 5 juillet, des Algérois en liesse avaient salué Benyoucef Benkhedda, président du gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) depuis le 9 août 1961. Absence notable, relevait le reportage, Ahmed Ben Bella, que "Krim Belkacem [principal négociateur des accords d'Evian au nom du GPRA], n'avait pas réussi à convaincre de revenir du Caire, et la crise restait ouverte."
Cette crise, nommée par les historiens la crise de l'été 1962, oppose en effet le gouvernement civil du GPRA aux militaires de l'armée des frontières et du clan d'Oujda, qui soutiennent Ben Bella. Cette armée des frontières, bien équipée, coupée du territoire algérien par l'armée française durant le conflit, se trouve en position de force par rapport aux combattants du territoire algérien, notamment ceux des Wilayas III et IV. Le clan d'Oujda emporte le rapport de force avec le GPRA et au terme de l'été 1962 accède au pouvoir. Ben Bella devient chef du gouvernement en septembre 1962, et premier président de la République algérienne le 15 septembre 1963.
Déchaînement de violence
L'indépendance algérienne est également marquée par le massacre d'Oran. Le 5 juillet 1962, dans la grande cité de l'ouest de l'Algérie, des fusillades éclatent. Elles provoquent la mort de plus de 300 Européens (le reportage fait mention de 100 morts et 150 blessés, un bilan qui sera revu à la hausse par les historiens).
Ce déchaînement de violence va provoquer l'accélération du départ des Européens qui n'avaient pas encore quitté l'Algérie : "Conséquence immédiate du drame, l’exode des européens d’accentuait. Carthagène, port espagnol, enregistrait un accroissement du nombre des rapatriés, arrivés parfois sur des chalutiers, plusieurs milliers d’hommes de femmes et d’enfants d’origine espagnole ont ainsi renoncé à faire partie de l’Algérie nouvelle au moment même où elle vivait les premières heures de l’indépendance."
L'indépendance de l'Algérie, décidée par les accords d'Evian du 18 mars 1962, est entérinée du côté français par le référendum du 8 avril 1962 organisé en France métropolitaine qui donne à 91% des votes les pleins pouvoirs au gouvernement français pour appliquer les accords, et côté algérien, par le référendum d'autodétermination du 1er juillet 1962, qui donne 99,72% de Oui à l'indépendance.