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Alfred Sauvy en 1962 : «Le nombre de vieillards augmente chaque année, il faut en tirer les conséquences»

Alfred Sauvy en 1962 : «Le nombre de vieillards augmente chaque année, il faut en tirer les conséquences»

En creux des débats sur la réforme des retraites annoncée par Élisabeth Borne début janvier, se trouve la question de l'allongement de la durée de vie et du vieillissement de la population. Comment financera-t-on le système de retraites ? Selon le démographe Alfred Sauvy en 1962, des choix devaient être faits.

Par Romane Sauvage - Publié le 30.01.2023
 

L'ACTU.

Régulièrement débattu, la gestion du système de retraite français a fait l'objet de nombreuses réformes depuis sa formalisation en 1945. Avec un enjeu récurrent : l'impact de la démographie sur l'emploi et le financement des retraites, notamment si la population tend à vieillir.

L'ARCHIVE.

Parmi les inquiets du vieillissement de la population, le démographe et économiste Alfred Sauvy. Issu de la frange nataliste de la démographie, celui qui fut le fondateur et directeur de l'Institut national d'études démographiques (Ined), professeur au Collège de France, énonçait dès 1962, les choix financiers qui allaient devoir être faits sur les retraites. Interrogé sur le plateau de l'émission « Le fond du problème », il disait : « Nous sommes dans un pays où le nombre de vieillards augmente chaque année, c'est une chose heureuse en soi, mais il faut en tirer les conséquences. Les conséquences, c'est que l'on ne peut pas tous faire. Et en particulier on ne peut pas ignorer qu'il y a un problème de finances. »

Il en expliquait la mécanique : « On peut assurer un niveau de vie relativement satisfaisant à un nombre limité de personnes ou bien assurer à un grand nombre de personnes un niveau de vie plus faible. Cette option, les pays socialement avancés l'ont tranchée : la Suède, le Danemark, qui ont étudié depuis bien plus longtemps le problème de la vieillesse que nous, donnent la retraite ou la pension suivant le cas à 67 ans et elle est à peu près double de celle que donne le gouvernement français. »

Pour lui, le départ rapide des plus âgés à la retraite était lié à la peur, pour les plus jeunes, de ne pas trouver d'emploi. Un préjugé selon lui, auquel il répondait : « l'emploi est une donnée extrêmement élastique, et si l'on veut donner des emplois à tout le monde, il suffit d'agrandir la France, d'agrandir l'économie française et ne pas penser à se répartir quelque chose qui sera une répartition de misère. C'est pourquoi on peut envisager que les personnes âgées ne doivent pas être exclues brutalement de la société. Si elles veulent partir avec le niveau de vie nécessairement modeste qu'on leur donne, elles doivent pouvoir le faire, mais il n'y a aucune raison de les exclure tant quelles sont aptes à un travail déterminé. »

L'âge de la retraite
1975 - 02:52 - vidéo

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