L'ACTU.
« Nos Frangins », réalisé par Rachid Bouchareb, est sorti au cinéma le 7 décembre. Ce film relate l'affaire Malik Oussekine, tué à coups de matraques par des policiers voltigeurs dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, en marge d’une manifestation et l’assassinat, le même jour, qu’Abdel Benyahia.
LES ARCHIVES.
« Un jeune garçon tué par un policier sur un trottoir », évoquait le journal télévisé de la mi-journée sur Antenne 2, le 8 décembre 1986. Trois jours plus tôt, un meurtre choquait la France : celui de Malik Oussekine, étudiant de 22 ans tué par des policiers en marge d’une manifestation. Moins médiatisé, le même jour, un autre jeune homme mourait, tué par un policier, Abdel Benyahia, 19 ans.
Ce soir-là, il était dans un bar à Pantin, en Seine-Saint-Denis, quand une bagarre éclate. Une de ses amies relatait dans l'une des archives du montage ci-dessus : « il était pour rien dans la bagarre, il était en train de discuter avec le gérant du café, quand il a vu qu’il y en avait 2 qui se battaient, il y avait un copain à lui, il a voulu les séparer. Un gars qui était au bar est sorti du café et a tiré. J’ai entendu le coup de feu, je me suis retournée, j’ai vu Abdel par terre. J’ai couru le voir, il avait du sang partout, il a dit à son frère "Qu’est-ce que j’ai ?, Qu’est-ce que j’ai ?" Il lui a dit : "Tais-toi, ne dis rien, garde tes forces. »
Le tireur, Patrick Savray, était un inspecteur de police, ivre, et qui n'était pas en service. Interviewé, le frère d'Abdel décrivait la scène : « Il était bourré. Il ne tenait pas de debout. Il puait, il puait, pendant qu’on le tapait il sentait l’alcool. » Sa mort, ainsi que celle de Malik Oussekine, déclencha des manifestations : « Abdel et Malik, les deux prénoms sont associés de ces deux jeunes, morts la même nuit dans des circonstances pourtant différentes. »
Un homicide reconnu volontaire
Et un « comité de justice » fut créé par ses proches. Un membre de ce comité, Messaoud Bertache, expliquait la démarche : « Quand on lit sur les journaux qu’un jeune des 4000 a été tué, on pourrait considérer que c’est un jeune délinquant. Ce qu’on veut démontrer, c’est qu’aujourd’hui ces images sont fausses, il faut qu’elles changent, tout simplement. » D’abord inculpé pour homicide involontaire, Patrick Savray fut finalement reconnu coupable d’homicide volontaire. Il écopa de 7 ans de prison.
Pour la famille d'Abdel Benyahia, 7 ans n'était pas très cher payé, rapportait un reportage du montage ci-dessus. Pour le père, « qu’il soit condamné, ça ne récupère pas mon fils. Mais, ça nous soulage un peu. » L'avocat de la famille, maître Bouaita ajoutait : « l’homicide volontaire a été retenu par la cour, et c’est important au niveau des symboles, car pour nous il s’agissait d’une affaire de symboles et d’exemples. »