Ce jour-là, au restaurant chez Drouant, la crème de la littérature française se réunit autour d'un bon repas pour désigner le célèbre prix si prisé des écrivains. Roland Dorgelès, André Billy, Francis Carco, Léo Larguier et Colette sont présents pour ce traditionnel repas qui sera suivi de la proclamation du prix Goncourt. Il est décerné cette année-là, au titre de l'année 1944, à Elsa Triolet, pour un recueil de nouvelles intitulé Le premier accroc coûte 200 francs, en référence à la phrase codée qui avait annoncé le débarquement de Provence. L'auteure devient ainsi la première femme à obtenir ce prix littéraire.
Lors de la réception de ce prix Elsa Triolet, qui avait participé à la Résistance aux côtés de son compagnon le poète et écrivain Louis Aragon, à Lyon et dans la Drôme, rappelle ironiquement cette période pas si lointaine, pendant laquelle le jury du prix Goncourt – contrairement à ceux d’autres prix – avait continué à se réunir.
Dans un reportage audio de Michel Robida enregistré à l'époque, mais qui n'a malheureusement pas pu être conservé en raison de sa détérioration, l'écrivaine exprimait sa reconnaissance au jury Goncourt pour avoir couronné en 1944 son livre, elle revenait sur ce qu'elle avait voulu dire avec cet ouvrage, la première nouvelle écrite en 1943 et les deux autres en 1944.
" ... Je suis très contente. Je suis très reconnaissante au Goncourt d'avoir couronné de livre et d'avoir couronné ce qu'il exprime... La première nouvelle a été écrite en 1943 et il y en a 2 qui ont été écrites en 1944..."
Dans la partie de l'interview restaurée, bien que la qualité sonore soit très médiocre, Elsa Triolet se souvient de sa vie dans la clandestinité à Lyon puis dans la Drôme, ce qu'elle écrivit alors. Ses projets, son envie d'aller étudier la vie des cheminots.