« Des scènes de violence, de chaos, au coeur de Paris ». C'est en ces termes que Laurent Delahousse ouvre le journal télévisé de France 2 au soir du 1er décembre 2018, après une journée historique qui a vu la manifestation parisienne des Gilets jaunes dégénérer dans des scènes de « guérilla urbaine ». Avec comme acte symbolique le saccage de l'Arc de Triomphe.
Ce jour-là, 136 000 Gilets jaunes se réunissent à travers la France (et non 75 000 comme annoncé dans l'archive) pour l'acte III de ce vaste mouvement social né deux semaines plus tôt, le samedi 17 novembre. A Paris, le dispositif policier est important, en prévention des violences qui avaient émaillé la manifestation du samedi 24 novembre.
L'option retenue par la préfecture de police est de réserver une portion de l'avenue des Champs-Elysées aux Gilets jaunes et de filtrer leur entrée, un dispositif analogue à celui des « fan zone » organisés lors d'événements sportifs ou musicaux.
Une grande part des 4600 policiers présents ce samedi 1er décembre dans la capitale sont affectés « en stationnaire » à la protection des lieux de pouvoir institutionnels, tandis que le reste des effectifs, mobile, se déploie au niveau d'emplacements stratégiques, comme la protection de l'Arc de triomphe, des Champs-Elysées et des Grands magasins.
Mais rien ne se passe comme prévu, de nombreux manifestants refusant le périmètre qui leur est attribué. Autour de midi, les CRS qui sont déployés autour de l'Arc de triomphe doivent abandonner le périmètre devant la violence des attaques et le nombre des assaillants.
Un groupe de Gilets jaunes se recueille autour de la tombe du soldat inconnu et entonne la Marseillaise, empêchant la profanation de ce symbole national de la part des casseurs qui réussissent néanmoins à pénétrer à l'intérieur de l'édifice et à le vandaliser. Un moulage d'une célèbre sculpture, « Le départ des volontaires » (et non une allégorie de Marianne comme présenté dans le reportage) est notamment dégradé. Certains Gilets jaunes parviennent même au sommet du monument.
Le dimanche matin, une fois le calme revenu, les Parisiens sont nombreux à déplorer le saccage de l'Arc de triomphe, qu'un passant décrit comme faisant partie du « patrimoine » des Français, aussi bien des « riches que des pauvres ».
Pour Philippe Belaval, président du centre des monuments nationaux, venu se rendre compte sur place, les dégâts sont considérables : « On a vraiment l’impression que les manifestants ont voulu tout hacher menu, en quelque sorte. Tout est renversé, les téléphones arrachés, les dispositifs électroniques emportés, des oeuvres d’art renversées. Enfin c'est une véritable désolation. »
L'explosion de violence qui a marqué cette journée du 1er décembre a occasionné un lourd bilan humain à Paris, avec 263 blessés et 412 interpellations.
Pour aller plus loin :
Le 17 novembre 2018, l'acte I des Gilets jaunes
Découvrez l'histoire de l'Arc de triomphe, un monument érigé par Napoléon et lieu symbolique de l'histoire de la Nation.