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2008 : la présidence française de l'UE marquée par les crises internationales

2008 : la présidence française de l'UE marquée par les crises internationales

La France va prendre la présidence de l'Union européenne à partir du 1er janvier, pour six mois. La dernière fois que la France se retrouvait à la tête de cette institution essentielle de l'UE, c'était il y a treize ans,  en 2008. Le président Nicolas Sarkozy avait alors du faire face à une situation internationale exceptionnellement chargée.

Par Cyrille Beyer - Publié le 09.12.2021 - Mis à jour le 31.12.2021
 

Le 9 décembre dernier, Emmanuel Macron présentait à la presse ses priorités pour la présidence française de l’Union européenne, qui débutera le 1er janvier 2022. D’une durée de six mois, la présidence sera en pratique condensée sur les trois premiers mois de l’année en raison de l’élection présidentielle prévue le 10 avril, puis des élections législatives.

Les priorités de la présidence française vont porter sur la protection sociale, avec l’adoption de la directive sur le salaire minimum européen, sur la protection face aux abus des géants du numérique, avec une meilleure régulation des pratiques des Gafa. Sur la protection environnementale et économique aussi, avec l’accent mis sur la taxation carbone aux frontières de l’UE. Enfin, Emmanuel Macron porte avec son projet de « traité d’amitié Europe-Afrique » l’ambition de mieux réguler et contrôler au niveau européen les flux migratoires à destination du Vieux-Continent.

C’est la première fois depuis 2008 que la France préside l’Union européenne. A l’époque, le président de la République s’appelait Nicolas Sarkozy. Elu le 27 mai 2007 à l’Elysée, ce dernier prenait la tête du Conseil de l’Union européenne un an plus tard, le 1er juillet 2008. Ses priorités étaient alors l’énergie et le développement durable, l’adoption d’un pacte européen de l’immigration, la relance de la défense européenne et la réforme de la politique agricole commune.

Le 10 juillet, le président Sarkozy était à Strasbourg, siège du Parlement européen, pour présenter son programme aux eurodéputés. Au cours d’une séance de plus de trois heures, saluée par ces derniers, le président de la République devait néanmoins faire face à une première « accroche », avec la réaction du parti des Verts face à sa décision de se rendre à l’inauguration des Jeux olympiques de Pékin, prévue le 8 août 2008. De nombreuses ONG avaient appelé pour un boycott des pays occidentaux de ces Jeux, pour protester contre la violation des droits de l’homme par la Chine, en particulier au Tibet.

A la tribune du Parlement européen, Nicolas Sarkozy était ainsi pris à partie par le président des Verts européens, Daniel Cohn-Bendit, qui lui lançait : « Moi je penserai à tous les prisonniers qui croupissent dans les prisons chinoises, moi je penserai à tous ceux qui sont arrêtés, moi je penserai à tous ceux qui sont maltraités au Tibet. Monsieur le Président, c’est une honte, c’est minable d’aller à l’ouverture des Jeux olympiques ! » Nicolas Sarkozy donnait quelques instants plus tard sa réponse en assumant son choix politique : « J’irai en Chine avec ma liberté de parole. Je parlerai de la façon que j’estime appropriée avec le président [Hu Jintao, NDLR], je pense avoir été le premier chef d’Etat à Pékin à me tourner vers le président chinois et lui dire : "Une grande nation comme la vôtre ne peut pas continuer avec la peine de mort". »

Six mois plus tard, quelques jours avant la fin de la présidence française, France 2 consacrait un reportage au bilan de Nicolas Sarkozy à la tête du Conseil. « Tourbillon trop court », selon les propres termes de Nicolas Sarkozy, la présidence française avait eu à gérer trois crises majeures.

La première était institutionnelle. Le 12 juin 2008, les Irlandais avaient rejeté la ratification du traité de Lisbonne par 53,4% des voix. En échange de concessions faites à Dublin, les Vingt-Sept s’étaient finalement mis d’accord, en décembre 2008, pour faire voter à nouveau les Irlandais l’année suivante.

Crise géopolitique ensuite : le Caucase s’embrasait l'été 2008. Russes et Georgiens s’affrontaient en Ossétie du Sud. Nicolas Sarkozy interrompait ses vacances et proposait une médiation entre Moscou et Tbilissi, avec à la clé un cessez-le-feu. « Une fois n’est pas coutume, expliquait le journaliste Alexandre Kara dans son reportage, l’Europe a joué le premier rôle dans une crise diplomatique. »

Mais surtout, c’est avec la crise qui s’abattait en septembre 2008 sur le monde de la finance que la présidence française devait faire face à l’actualité la plus urgente et la plus menaçante pour la survie même de l'économie du Vieux-continent. En décembre, malgré le désaccord entre France et Allemagne, les Vingt-Sept s’entendaient « sur la nécessité d'une relance aux environs de 1,5 point de PIB », soit 200 milliards d'euros, pour tenter d'enrayer la crise économique qui sévissait sur le continent. Quelques semaines plus tôt, en novembre, à Washington, le G20 s'était penché sur les finances du monde. « Là encore, selon le journaliste Alexandre Kara, l’Europe [avait] parlé d’une seule voix ».

En décembre, un accord in extremis sur les émissions de CO2 dans l’Union concluait une présidence jugée « par beaucoup efficace », pour reprendre le commentaire du reportage de France 2, mais « critiquée par d’autres pour avoir oublié l’essentiel à leurs yeux ». A savoir, la même question des droits de l’homme en Chine, déjà portée par Daniel Cohn-Bendit en juillet 2008, et rappelée par le chef des Verts en décembre 2008 : « Vous nous avez dit ici [il y a six mois, NDLR] : "Il ne faut pas humilier les Chinois". Vous n’avez pas humilié les Chinois, c’est les Chinois qui vous ont humilié. C’est les Chinois qui vous ont marché dessus ! »

Au 1er janvier 2009, la France laissait la place à la République tchèque, tout en réfléchissant à conserver le plus possible ce rôle moteur dans l’Union européenne qui avait été le sien durant six mois.

Une présidence de six mois

La présidence de la France les six prochains mois va concerner le Conseil de l’Union européenne, c’est-à-dire l’instance qui réunit à Bruxelles les ministres des 27 Etats membres. Durant les six mois que durent une présidence, une dizaine de ces réunions thématiques (conseil agriculture et pêche, affaires économiques et sociales...) sont organisées. Le Conseil de l’Union européenne est une institution fondamentale, puisqu’il représente les Etats dans la fabrique législative de l’Union, une prérogative dans la fabrique des lois qu’il partage avec le Parlement européen, qui lui représente les citoyens de l’Union. Comparé au système fédéral américain, le Conseil de l’Union européenne est ainsi à rapprocher du Sénat (la chambre qui représente les Etats), quand le Parlement européen s’apparente à la Chambre des représentants (la chambre basse, qui représente le peuple américain).

Le Conseil de l’Union européenne ne doit pas être confondu avec le Conseil européen, qui est l’institution créée en 1974 par Valéry Giscard d’Estaing et qui prévoit la réunion à Bruxelles des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union, quatre fois par an, afin de prendre les grandes directions politiques.

Enfin, il ne doit pas non plus être confondu avec le Conseil de l’Europe, la plus vieille institution européenne, qui siège à Strasbourg depuis 1949. Avec 47 états membres (dont la Russie), le Conseil de l’Europe n’est pas une institution communautaire, mais une institution internationale transeuropéenne.

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