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2006, Didier Raoult alertait sur le danger d'une épidémie virale

2006, Didier Raoult alertait sur le danger d'une épidémie virale

Didier Raoult a été auditionné ce mercredi devant la commission d'enquête parlementaire. Depuis le début de la pandémie le patron de l'IHU Méditerranée Infection préconise le traitement de la Covid-19 à la chloroquine. En 2006, il alertait sur notre incapacité à contenir une épidémie virale.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 24.03.2020 - Mis à jour le 24.06.2020
 
Didier Raoult a été auditionné ce mercredi devant la commission d'enquête parlementaire. Depuis le début de la pandémie le patron de l'IHU Méditerranée Infection préconise le traitement de la Covid-19 à la chloroquine. Retrouvons-le en 2006, à l'époque, en pleine grippe aviaire, il alertait, comme d'autres virologues, sur notre incapacité à contenir une épidémie virale.

Le 21 février 2006, le professeur Didier Raoult, professeur de médecine à la faculté de Marseille et spécialiste des maladies infectieuses et des questions de bioterrorisme était interviewé dans le Soir 3 par Marie Drucker à propos de l'apparition en France de la grippe aviaire, détectée sur un canard dans l'Ain. Tout un dispositif de prévention a été mis en place, avec confinement et mise en quarantaine des volailles et vaccination massive des animaux.

Au début de l'interview ,la journaliste demande au chercheur qui affiche un grand sérieux si la vaccination globale n'était pas excessive :"Est- ce qu'on en fait pas trop ?"

Après avoir donné son avis sur l'avantage de la vaccination animale, le scientifique se réfère ensuite à la grippe espagnole de 1918, qui tua plus de personnes que la Première Guerre mondiale (entre 50 et 100 millions de morts, soit entre 3 % et 6 % de la population de la planète), "y compris des sujets jeunes et en pleine santé…". Il souligne que le spectre du retour d'une telle épidémie respiratoire virale menace directement les humains.

"Notre état de préparation à une épidémie virale (...) est très mauvais." 

Une peur partagée par tous les épidémiologistes, il précise : "On pense que globalement notre état de préparation à une épidémie virale, et d'ailleurs on le voit chaque année au cours de l'épidémie de grippe, est très mauvais et notre capacité à lutter contre la contagion des maladies respiratoires jusqu'à présent était mauvaise."

Revenant aux mesures prises dans le cadre de cette grippe aviaire, il applaudit, "l'exercice général qui s'est fait à propos de syndromes de détresses respiratoires, ou maintenant, à propos de la grippe aviaire, est quelque chose, qui je le crois, est très important pour nous préparer. Si c'est un exercice sans conséquences, tant mieux pour nous, mais ça nous prépare à une situation de pandémie, d'infections respiratoires virales, d'épidémies massives qui représentent un grand danger."

Le visage fermé et les yeux sombres, le virologue fustige les comportements inconséquents : "Par exemple, tous les ans, il y a des épidémies hospitalières de grippes, humaines ordinaires, qui ne sont pas contrôlées parce que notre capacité actuellement à contrôler la contagion des maladies respiratoires est mauvaise. Et vous le voyez au quotidien, on sait tous que la grippe est une maladie contagieuse, ce qui ne nous empêchent pas d'embrasser nos proches ou d'aller travailler quand on a la grippe et de contaminer les gens dans notre environnement."

"Nous ne savons pas jusqu'à présent contrôler les épidémies respiratoires. "

Il insiste sur l'importance de cet entraînement : "Nous ne savons pas jusqu'à présent contrôler les épidémies respiratoires. Et d'apprendre à faire ça, même au prix d'une peur, à cette occasion (la grippe H1N1), en tout cas, ceci nous prépare à une éventuelle pandémie."

Durant plusieurs semaines, l'infectiologue marseillais a bravé la décision majoritaire de ses pairs de tester le médicament avant de le généraliser dans le traitement du coronavirus. Le mardi 24 mars, le patron de l'IHU Méditerranée Infection de la Timone précisait aux Echos : "Je ne participe plus au Conseil scientifique réuni autour d'Emmanuel Macron…" Une mise en retrait plutôt qu'une démission selon ses déclarations.

Le patron de l'IHU Méditerranée Infection a massivement pratiqué le dépistage massif de la Covid-19, 120 000 personnes auraient été testées dans son établissement, tout en traitant à l'hydroxychloroquine "des malades fébriles" en stade précoce. Plusieurs centaines de Marseillais se sont pressés chaque jour à l'institut pour se faire tester et prescrire le cas échéant le médicament. Le 26 mars, le ministre de la Santé Olivier Véran autorisait l'utilisation de la chloroquine dans le traitement du coronavirus. Depuis mars, plusieurs études avaient mises en cause les résultats du professeur marseillais, notamment une étude du Lancet qui avait poussé le ministre de la Santé à interdire l'usage du médicament et sa prescription libre, alors que l'OMS suspendait les études en cours. Depuis, cette étude du Lancet a été remise en cause mais deux nouvelles études, française et chinoise, sorties mi-juin vont dans le même sens, en ne mettant aucun bénéfice en évidence. Si la polémique bat son plein, le professeur Raoult lui, reste sur ses positions concernant l’hydroxychloroquine et va s'en expliquer devant la commission.

Pour aller plus loin

12/14 Méditerrannée : Didier Raoult à propos de la fièvre Q. L'Observatoire Régional de la santé mène une étude dans les Bouches du Rhône pour comprendre l'épidémie de fièvre Q qui sévit autour de l’étang de Berre. Didier Raoult, professeur à la faculté de médecine de Marseille et centre de référence pour la France et l'Europe, est interviewé sur cette épidémie qui peut passer inaperçue chez l'homme (27 mai 2001)

JT de 13h00 de France 2. Exercice dans le cadre du plan Biotox, destiné à répondre à une attaque de type bactériologique, en deux volets. Le premier : une veille sanitaire, la confection d'antidote... Le second : des services hospitaliers prêts à répondre à une attaque. Reportage à Marseille avec les interviews du Dr Richard Domergue à propos des moyens de détecter une épidémie,DR Hervé Tissot-Dupont, du Pr Jean Louis Manelli concernant le plan d'organisation en cas d'épidémie, en fonction du nombre de victimes et du Pr Didier Raoult à propos des stocks de virus de variole qui existaient en URSS et dont on a perdu la trace. (12 octobre 2001)

Edition spéciale : Didier Raoult sur le Chikungunya. Selon lui, de nombreux virus ont désormais pour vecteur des animaux ou des moustiques. Il rappelle que l'adaptation des moustiques aux sites urbains augmente le risque de maladies transmises par ce biais. (23 février 2006)

19/20 JT soir Marseille : Didier Raoult, infectiologue à la Timone à Marseille. A l'hôpital de la Timone, une unité de recherche est spécialisée dans les maladies infectieuses, avec des chasseurs de virus et de bactéries. Didier Raoult est le responsable du service bactériologie. Il avertit "On ne sait pas lutter contre la contagion par manque de connaissance et de contagion sociale... on ferait face à un desastre considérable..." (19 janvier 2009)

19/20 JT soir Marseille : Didier Raoult, son point de vue sur la vaccination H1N1. (12 novembre 2009)

19/20 Edition Provence Alpes : Didier Raoult reçoit le prix de l'INSERM. Portrait du découvreur de microbe et interview. Il évoque le mode de financement du système médical. Sa joie d'être un découvreur dans un monde nouveau. En matière de cancer, 25 % des cancers sont d'origine infectieuse et contagieuse (ex : col utérin, foie, estomac, George ..) et susceptibles d'être prévenus par la vaccination ..En matière d'alimentation, le danger réside dans la globalisation industrielle des aliments en raison des quantités considérables qu'elle engendre... "Pour l'instant les catastrophe contagieuse, on ne sait pas les contrôler..." (20 décembre 2010)

19/20 Edition Provence Alpes : La guerre des virus, 62 chercheurs alertent sur les risques de tels essais. Plusieurs équipes dans les laboratoires du Wisconsin et de Rotterdam tentent de rendre plus facilement transmissibles entre mammifères des virus mortels de grippe aviaire à partir du furet. 62 scientifiques ont signé fin décembre 2013 une lettre publique adressée à la Commission européenne réclamant "une véritable analyse de risque" pour ces expériences. Pour le professeur Raoult les autres problèmes épidémiologiques ne doivent pas être sous estimés, il continue ses recherches dans son laboratoire autour de la tuberculose multi-résistantes et des septicémies nosocomiales qui tuent 100 personnes par an à Marseille. Il préférerait qu'on cherche sur des maladies qui existent déjà. (14 mars 2014)

19/20 Edition Provence Alpes. Lancement d'un pôle infectiologie à Marseille. Visite du tout nouvel Institut des Maladies Infectieuses. Installé à Marseille, près de la Timone, ce service de très haute technologie est unique en France et même en Europe. On y travaille, par exemple, sur les virus de la grippe et de la tuberculose. Interview du Professeur Didier Raoult Directeur de l'IHU Méditerranée Infection et du Professeur Philippe Brouqui Chef du service maladies contagieuses. (13 février 2017)

Deux de ses ouvrages à découvrir

19/20 Edition Marseille, Didier Raoult présente son livre Votre santé..... tous les mensonges qu'on vous raconte. "Boire du vin est bon pour la santé le soleil n'est pas dangereux" voilà quelques affirmations choc que l'on peut découvrir dans ce dernier livre. Le professeur marseillais met en garde contre les fausses peurs, les vrais risques médicaux (le sucre, le sel, le tabac) et les erreurs de politique de santé publique. (11 mai 2015) 

13 heures de France 2 : présentation du nouveau livre de Didier Raoult, Mieux vaut guérir que prédire. Le virologue explique qu'il s'érige en particulier contre la dictature de la peur et le catastrophisme régnant dans nos sociétés. Il regrette le décalage existant entre la communauté scientifique et le reste du monde sur les questions de santé. Selon lui, la priorité n'est pas donnée aux pathologies présentant de véritables risques "En France, les maladies nosocomiales, avec 10 000 à 25 000 décès par an, sont la septième cause de mortalité avant les accidents de la route." (22 mars 2017)

Florence Dartois


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