Du 3 au 11 septembre, le Congrès mondial de la nature, qui se tient à Marseille, a pour but de proposer des solutions urgentes à mettre en oeuvre pour faire face aux crises écologique et climatique. La protection des forêts pourrait être l'une des solutions les plus efficaces, grâce à sa capacité de séquestration du carbone, mais aussi en tant que réserve exceptionnelle de biodiversité.
C'est justement cette extraordinaire service pour la nature que prenait en compte la Norvège, avant l'été, en annonçant une action qui préfigurait peut-être un changement majeur dans la gestion et la protection des forêts de par le monde. Le 22 juin 2021, la pays scandinave annonçait qu'il allait verser 17 millions de dollars pour récompenser le Gabon pour le carbone séquestré et d’autres mesures de lutte contre la déforestation. Cette annonce était la mise en œuvre d’une promesse faite en septembre 2019 à New York à ce pays d'Afrique centrale, francophone, couvert de forêts à 88% et dont les 2 millions d’habitants se concentrent sur le littoral.
Avec la concrétisation de cette promesse, en remerciement de ses efforts à ne pas déforester et à contribuer ainsi à la lutte contre le réchauffement climatique, le Gabon devient le premier pays africain à bénéficier de fonds internationaux.
Le contrat entre les deux pays stipule que la Norvège rétribuera chaque tonne de carbone non émise au prix de 10 dollars, par rapport à la moyenne récente des émissions du pays entre 2005 et 2014. Et c’est un encouragement à faire plus, car si le Gabon devait poursuivre ses efforts, il pourrait percevoir jusqu’à 150 millions de dollars sur dix ans.
Trésor
La forêt gabonaise est véritablement un trésor pour la planète. En 1999, un reportage du 19/20, sur France 3, suivait une équipe de scientifiques au cœur de la forêt tropicale. A l’aide d’un ballon dirigeable, seul moyen pour atteindre la cime des arbres, botanistes et entomologistes s’employaient à prélever des échantillons de végétaux et des insectes.
Pour Francis Halle, botaniste responsable du projet, le Gabon était tout simplement « le centre de la biodiversité africaine ». Au sein même du pays, le coeur de la biodiversité se situait dans l'endroit choisi pour mener ses recherches, « entre les monts de Cristal et le massif du Chaillu », au sud du Gabon, proche de la frontière avec la République du Congo.
Une richesse que ce spécialiste de l’Afrique savait menacée : « Son avenir est terriblement noir et dramatique. Elle est en train de disparaître. Moi j’ai eu la chance de la voir dans ses formes primaires, majestueuses, mais je doute que la génération suivante puisse la voir. »
Depuis ce reportage, et malgré de fortes pressions sur la forêt, le contrat entre la Norvège et le Gabon semble plutôt démentir cette vision pessimiste de l’avenir, au moins dans cette partie gabonaise de la forêt équatoriale africaine.